Le brin d'herbe

Blog philosophique et politique

Les critiques
Vendredi 13 janvier 2012

Il ne faut pas répondre aux critiques.

Il faut les écouter.

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De la conversation
Mercredi 2 mars 2011

« C'est quand on n'a plus rien à dire que la conversation commence à devenir intéressante »

a dit un homme (bourré).

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Bave d'escargot
Lundi 14 février 2011

Un vieux sage chinois a dit :

La bave d'escargot elle-même est brillante quand le soleil l'éclaire.

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Automne
Dimanche 19 septembre 2010

Vive les sensations de l'automne ! Les odeurs. La lumière. Les couleurs.

vigne vierge sur fond bleu

Je sais, ce n'est pas encore l'automne. Quoique... Selon le calendrier chinois, qui se base sur la longueur des jours plutôt que sur les températures, les saisons sont décalées d'un mois et demi, de sorte que le solstice d'été (21 juin) tombe au milieu de l'été, et l'équinoxe du 21 septembre au milieu de l'automne.

Selon ce calendrier nous sommes donc en automne depuis le 6 août ! waw

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Les ponts
Vendredi 10 septembre 2010

Les ponts m'ont toujours fasciné et séduit par leur atmosphère propice à la méditation.

Plusieurs facteurs contribuent à cela : le pont est un carrefour, mais sans collision, avec un côté aérien ; et puis c'est un lieu d'où l'on peut contempler le temps, symbolisé par l'eau qui passe dessous. D'ailleurs on dit : « de l'eau aura coulé sous les ponts » pour dire que du temps aura passé.

Et selon le côté où l'on se met, on voit le passé ou l'avenir. Ainsi les nostalgiques et les ambitieux aiment tous deux les ponts ; ils choisissent juste un côté différent.

Passerelle du canal Saint-Martin

J'en étais à me faire ces réflexions sur une passerelle du canal Saint-Martin, quand je me suis rendu compte qu'il y a encore une composante à l'atmosphère magique des ponts. C'est que sur les ponts, flottant comme une effluve diffuse, il y a aussi la pensée du suicide. Ce n'est pas seulement une pensée triste, c'est aussi la pensée de la liberté et de la vie. Mais il est certain qu'on envisage toujours la possibilité de sauter.

J'ai alors baissé les yeux, et à ma grande stupeur j'ai constaté que l'eau était rigoureusement immobile. Elle ne s'écoulait pas. Ce pont était le pont de l'éternité. Au lieu d'y contempler le temps on y voyait apparaître les choses sous l'aspect de l'éternité.

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A quoi pense le penseur
Samedi 4 septembre 2010

Ça y est, on sait désormais à quoi pense le penseur :

Le penseur pensant à une femme

Encore une énigme de résolue !

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Interlude
Jeudi 2 septembre 2010

– Alors, tu as eu ton premier cours de philosophie ? C'était bien ?
– Ben...
– De quoi vous avez parlé ?
– De tout et de rien.
– Tu peux pas être plus précis ?
– Mais si, je t'assure, c'est exactement ça ! Nous avons parlé de tout et de rien. De l'être et du néant.
– Ah, mais c'est passionnant, ça, l'être et le néant ! Et alors, qu'en avez-vous dit ?
– En fait toute la question était de savoir si le néant est quelque chose ou non.
– Ah.
– En effet.
– Hm.
– Oui.
– Je vois. Tu as eu l'impression que c'était une question complètement stérile qui ne menait à rien. Je suppose que vous n'êtes arrivés à aucune conclusion.
– Mais si, au contraire ! Nous avons réussi à trancher cette question plurimillénaire par des arguments nouveaux et décisifs !
– Mais c'est formidable, ça ! Et alors, quelle est votre conclusion ?
– Eh bien, nous avons réussi à prouver de manière incontestable que le néant est bien quelque chose.
– Ah.

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Merdonité
Dimanche 22 août 2010

Gargouille et antenne de télévision à Paris, tour Saint-Jacques

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Térapiloctomie linguistique
Dimanche 15 août 2010

Le point n'a pas de sens, alors que le double point en a un : il introduit un rapport d'explication entre les propositions qu'il sépare, la suivante expliquant la précédente, comme dans cette phrase.

Ainsi dans bien des cas on pourra alléger l'écriture en remplaçant le double point par un simple point.

Ça n'a l'air de rien mais je pense que ça peut valoir le coup. Ça fait partie de cette involution dont parle Deleuze : au lieu d'une évolution entendue comme complexification, une épuration et une simplification des choses.

De plus, comme disait Voltaire, « le secret d'ennuyer est celui de tout dire ».

Faites donc l'expérience. Remplacez les doubles points par de simples points. Vous verrez. ;)

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La France
Vendredi 6 août 2010

France.fr

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Les deux barbes
Jeudi 5 août 2010

Deux catégories d'hommes ont souvent une longue barbe blanche (ou grise) : les sages et les clochards.

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Le sérieux des grandes nations
Lundi 2 août 2010

Il paraît que l'entraîneur de l'équipe de football de Corée du Nord risque les travaux forcés suite à la défaite de son équipe à la coupe du monde (7-0 contre le Portugal).

La France et la Corée du Nord sont les deux pays du monde où on ne plaisante pas avec le foot. diable

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L'usure des boutons d'ascenseur
Jeudi 29 juillet 2010

Photographie de Paris :

boutons d'ascenseur

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Connais ton nombril
Mardi 6 juillet 2010

Les Grecs, inventeurs de Narcisse, sont décidément très modernes. Le gnothi seauton est d'une actualité omniprésente, brûlante, hebdomadaire. C'est simple, il est devenu notre objectif principal.

narcisse

D'où la nécessité d'un petit correctif à la maxime grecque. Je propose de graver, au marteau et au burin, quelques mots de plus sous l'inscription du temple de Delphes, afin d'obtenir le message suivant :

Connais-toi toi-même.
Mais ne passe pas non plus la journée à te regarder le nombril.

Mais à vrai dire les Grecs eux-mêmes avaient prévu cet excès, qu'ils ont cherché à prévenir non seulement par le mythe de Narcisse mais aussi par leur autre célèbre maxime :

Rien de trop.

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Faire, être, manger
Jeudi 1er juillet 2010

On n'est pas ce qu'on mange, on est ce qu'on fait.

La preuve, c'est la différence entre la sauterelle et la vache, qui mangent pourtant la même chose.

A dire aux femmes qui pensent que leur santé et leur beauté dépendent exclusivement de ce qu'elles mangent, et non de leur activité et de leur bonheur.

(D'ailleurs ce qu'on mange dépend de notre activité et de notre bonheur.)

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Crier n'est pas un argument
Samedi 26 juin 2010

« Crier n'est pas un argument. »

Jacques Attali
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Le paradoxe du fantôme
Jeudi 24 juin 2010

Enfant, on fait des cauchemars. On est terrorisé par les monstres qu'on imagine sous son lit.

Il arrive qu'on s'en sorte de la façon suivante : un jour on n'y croit plus, et on se moque d'eux. On les appelle, on les défie, tous ces monstres invisibles, et ils ne viennent pas. Alors on comprend avec joie qu'on est plus fort qu'eux, qu'ils n'existent pas.

Dans une maison hantée, le plus sûr remède à l'angoisse reste de défier, de provoquer ainsi les fantômes. C'est le paradoxe du fantôme : il n'existe que parce qu'on a peur de lui.

Conclusion : les fantômes existent bel et bien. waw Il y en a un même une grande variété d'espèces. Mais tous peuvent être anéantis par la même méthode.

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La faute aux racailles
Mercredi 23 juin 2010

Bon, le message est clair. Si la France a perdu, c'est à cause des racailles indisciplinées qui gangrènent le pays.

La Fédé et les entraîneurs pourris, eux, n'y sont pour rien.

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Les limites de la grève
Mardi 22 juin 2010

Le seul cas où la grève n'est pas tolérée, en France, c'est dans le foot.

On déconne pas avec les choses sérieuses.

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Les Parisiens
Mardi 15 juin 2010

A Paris, la journée, les gens sont pressés, austères, en costard, guindés, chaussés de lunettes, rigides, froids.

Le soir, une tout autre population se déverse dans les rues : ondulante, gesticulante, extrêmement fun et branchée et cool. Les gens ont les vêtements et les cheveux multicolores, ils sont exubérants, c'est génial.

Mais ce qui est dingue, c'est que ce sont les mêmes gens.

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Landau ou poussette ?
Samedi 12 juin 2010

En lisant Pour sauver la planète, sortez du capitalisme de Hervé Kempf (celui-ci refuse expressément de dissocier le problème écologique du problème social, et je consacrerai peut-être un post à réfuter ses arguments car je pense au contraire qu'il faut séparer ces deux problèmes pour traiter chacun de la manière la plus adéquate possible), je suis tombé sur cette image sympathique de l'opposition entre le landau et la poussette :

Le curieux examinera donc deux produits [...], datés l'un de 1970 – c'est un landau –, l'autre de 1997 – c'est une poussette. Le landau enveloppe l'enfant et, surtout, le dispose de manière qu'il soit tourné vers le – ou la – pilote de l'engin, c'est-à-dire dans un contact visuel l'assurant qu'il est engagé dans une relation forte avec son environnement connu. Dans la poussette, au contraire, l'enfant est tourné vers le vaste monde, dirigé comme à son insu par une force invisible, et obligé de se confronter à l'ensemble des émotions innombrables qui ne manquent pas de jaillir d'un trottoir citadin, surtout quand on n'en est séparé que de quelques décimètres.

Dans le landau, une personne entourée et en relation ; dans la poussette, un individu lancé dans un monde inconnu. La plus grande victoire du capitalisme dans les trois dernières décennies n'est pas d'avoir ouvert le marché mondial, fait exploser les inégalités, relancé par la numérisation généralisée la course technologique ; elle est d'avoir transformé la conscience publique, en la convainquant de donner à l'individu une position démesurée par rapport aux relations humaines.

Hervé Kempf, Op. cit., p. 39-40

Que chacun examine sa conscience : préfères-tu voyager en landau ou en poussette ? heu...

J'avoue que le landau ne me séduit pas trop : on ne voit pas trop où on va ! ni le paysage...

Mais je suis peut-être excessivement marqué par la fameuse scène du Cuirassé Potemkine d'Eisenstein, reprise dans Les Incorruptibles, où un landau dévale les escaliers... Cette scène serait en effet sans doute un peu moins angoissante en poussette. Dira-t-on que le capitalisme nuit également au cinéma d'auteur ? Faut-il voir dans cette scène d'Eisenstein une subtile défense du modèle socialiste ? Bon, assez ri, voilà la scène en question :

Et sa reprise par Mr Costner :

J'imagine une reprise gaiement capitaliste (ou, au moins, individualiste) de cette scène : le bambin, dans sa poussette, aurait un magnum dans chaque main et tout en dévalant les escaliers il tirerait en riant sur les méchants bien surpris de cet ennemi inattendu.

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Les râteaux
Mardi 11 mai 2010

Les petites choses poétiques de la vie sont comme de jolies feuilles mortes...

rateau

...Mais je n'aime pas trop les râteaux ! Il y a des pensées qui une fois écrites sont comme des papillons cloués sur un mur.

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D'où vient la poussière ?
Samedi 8 mai 2010

Les Grecs expliquaient plaisamment l'origine des petits insectes : ils pensaient que ceux-ci naissaient spontanément dans les matières en décomposition, la saleté, la poussière. Jolie théorie, assez poétique, contenant même sans doute une part de vérité, à laquelle je pense souvent quand je fais le ménage.

Mais justement, en faisant le ménage une question bien plus fondamentale apparaît, et à laquelle la théorie de la génération spontanée ne répond pas : d'où vient la poussière elle-même ? C'est elle qui semble avoir le pouvoir magique de naître à partir de rien et de se reproduire ensuite. Voilà une réfutation définitive de l'idée que « rien ne peut surgir du néant » !

Mots-clés :  être et néant   métaphysique   vie   divers   
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« J'ai pas le temps »
Vendredi 7 mai 2010

« J'ai pas le temps. »

Cette phrase a un statut particulier : elle est l'excuse universellement acceptée, sans qu'on nous pose de questions. C'est bien pratique.

Pourquoi cela ?

Il y aurait encore bien des choses à dire à ce sujet, mais je vais m'arrêter là parce que je n'ai pas le temps de développer davantage. ;)

De toute façon vous n'auriez sans doute pas eu le temps de lire ces développements. ;)

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Dire ou faire
Jeudi 21 janvier 2010

On entend souvent les conférenciers s'étonner du fait que le principe de la séparation des pouvoirs soit si peu respecté dans le pays de Montesquieu.

Ne nous étonnons plus. C'est tout naturel. Quand un grand théoricien s'exprime pour défendre une cause, c'est bien souvent que cette cause est menacée là où il se trouve !

Spinoza n'est pas né dans des Pays-Bas où régnait la liberté d'expression. Montesquieu a peut-être établi la nécessité de la séparation des pouvoirs car il en constatait l'absence.

En poussant un peu les choses, on s'apercevra que bien souvent on choisit entre dire et faire. Commençons par un exemple innocent : les serveurs des restaurants remarquent que beaucoup de clients paraissent très satisfaits mais ne laissent aucun pourboires, alors que d'autres s'expriment peu mais laissent une plus jolie somme. Ce qui est logique, car il y a là deux moyens de s'exprimer. Remercier le serveur remplace l'argent qu'on ne lui donnera pas, et réciproquement.

Avec cette idée en tête, on verra tout à coup la France différemment, et on lira d'un œil nouveau toutes ses flamboyantes déclarations gravées dans le marbre des statues et aux frontons des monuments. Il y a en effet deux attitudes possibles face aux grands principes : les énoncer, ou les appliquer. Et les énoncer est un bon moyen de ne pas avoir à les appliquer. Ainsi l'Angleterre applique les principes démocratiques sans les écrire ; la France les proclame mais ne les applique pas.

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Une équipe qui gagne
Vendredi 17 juillet 2009

France Inter se surpasse et devient la deuxième radio nationale derrière RTL.

Nicolas Sarkozy remanie la direction de France Inter en y appointant Philippe Val.

On ne change pas une équipe qui gagne...

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Alain Badiou
Mardi 26 mai 2009

Alain Badiou est vieux.

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Surprise
Vendredi 22 mai 2009

La vie, une chose est sûre au moins, c'est toujours inattendu. Quoi que tu prédises, sois sûr d'une chose, tu te trompes. Des plus petites aux plus grandes choses, rien n'arrive jamais comme on l'avait prévu.

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La nature
Jeudi 14 mai 2009

Au plus je fréquente les hommes, au plus j'aime la nature.

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La fuite en avant
Jeudi 7 mai 2009

En escalade ou en alpinisme, il y a quelque chose de vraiment terrifiant et fou : la fuite en avant.

Escalade en falaise

Pour comprendre ce dont il s'agit il faut savoir ce qu'est l'escalade en tête (on dit aussi : en premier de cordée) : cela consiste à grimper le premier, attaché à une corde qu'on fait passer dans des mousquetons accrochés à la falaise ou à la glace. Un ami, plus bas, tient l'autre bout de la corde. Par conséquent, au plus les points d'assurance (pitons, broches à glace, coinceurs et autres) sont espacés, au plus la chute potentielle sera grande, donc dangereuse. Par exemple, si le dernier mousqueton est 3 mètres sous tes pieds, en cas de chute tu tomberas de 6 mètres, sans compter le mou de la corde et les éventuels problèmes exceptionnels.

Par conséquent, au plus le dernier point s'éloigne sous tes pieds, au plus tu fais attention à ce que tu fais, et au moins tu as envie de tomber (déjà qu'à la base tu n'as pas trop envie de tomber !)...

Si ça devient carrément trop difficile, tu peux essayer, pour éviter la chute, de redescendre (désescalader) jusqu'au dernier point pour t'y reposer.

Mais voilà, il se trouve que désescalader est plus difficile qu'escalader. Descendre est plus délicat que monter. Montaigne le disait déjà : « Je marche plus sûr à mont qu'à val. » Par conséquent, il arrive que l'on ne puisse pas redescendre. Or si on reste sur place, avec la fatigue on finira par tomber. Une solution est donc de tomber. Une autre solution est de continuer à monter : c'est la fuite en avant.

Ce qui fait tout le piquant de la fuite en avant, c'est l'incertitude : parfois on ne sait pas du tout ce qui nous attend. Peut-être y a-t-il au-dessus un passage extrêmement difficile, encore plus que celui que l'on vient de passer, et puis encore un autre, etc. La fuite en avant consiste donc à accepter une chute bien plus grave, mais incertaine, pour éviter une chute moins importante, mais certaine. Finalement c'est un coup de poker : quitte ou double. Il y a même des cas où c'est sa vie qu'on joue comme ça : on fait tapis en quelque sorte.

Bref, la fuite en avant c'est très amusant, très excitant, mais ça fait aussi très peur.

On retrouve ce phénomène un peu partout : non seulement au poker mais aussi, par exemple, dans le cas de l'énergie nucléaire : nous n'avons pas la solution pour traiter les déchets nucléaires, qui resteront sur les bras de nos descendants pendant des millions d'années (il y a de fortes chances pour qu'ils nous maudissent intensément ! mes oreilles sifflent déjà à l'idée des jugements qui seront portés sur notre génération). Pourquoi cette folie ? Parce qu'on suppose et on espère que grâce au progrès technologique, on trouvera la solution plus tard. Bref, pour éviter une difficulté limitée maintenant on accumule le problème pour plus tard, dans l'espoir qu'une solution miracle tombera du ciel technologique.

Allez : un autre exemple, juste pour voir à quoi mène la fuite en avant : la chaîne de Ponzi, escroquerie financière inaugurée par Charles Ponzi dans les années 1920 et remise au goût du jour par Bernard Madoff dans les années 1990-2000 : l'astuce consiste tout simplement à rémunérer des investisseurs à des taux très élevés ; ainsi de nouveaux investisseurs se présentent sans cesse, et on peut payer les anciens avec les nouveaux. Evidemment, le jour où il y a un reflux les investisseurs se rendent compte qu'ils ont été volés, et l'arnaqueur n'a plus qu'à se cacher.

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Le silence
Mardi 31 mars 2009

Le silence, c'est intéressant.

On peut se taire parce qu'on n'a rien à dire. Mais on peut aussi se taire pour dire quelque chose. Parce que les mots ne sont pas assez forts ou pas assez fins pour le faire.

« On parle pour faire taire le silence », a dit quelqu'un dont j'ai oublié le nom.

« Ne parle que si ce que tu as à dire vaut mieux que le silence », a dit quelqu'un d'autre.

« La parole est d'argent, le silence est d'or. »

Et puis il y a cette belle image de Jankélévitch :

Quand le silence fait alliance avec la nuit, on découvre que la pureté du silence se décompose paradoxalement en une multitude de craquements légers ; ces craquements ne rompent pas le silence, mais le rendent au contraire plus silencieux, de même que les étoiles, loin de blanchir le ciel nocturne, rendent la nuit plus profonde et plus noire.
Vladimir Jankélévitch

Sur ces belles paroles, je vais me taire ! lol

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Carpe Noctem
Lundi 9 mars 2009

D'abord, en hommage aux vacances qui viennent de se terminer, aux eaux noires des fleuves et aux profonds silences, je voudrais dire quelques mots sur la nuit. Car la nuit n'est pas n'importe quel envers. Elle est l'obscurité, mais constellée d'étoiles. Enfant quand je lisais un poème sur la nuit (par exemple avec Pierrot et tout ça), je croyais naïvement que le poète ne parlait que de la nuit, alors que ce n'est qu'un symbole pour bien d'autres choses, comme toujours. Il faudrait leur dire, aux enfants, au moins une fois, que les mots veulent toujours dire autre chose. D'ailleurs on ne parle jamais de l'essentiel. On tourne toujours autour du pot. Mais je m'égare...

Il y a aussi ce titre d'un livre récemment paru : « ce que le jour doit à la nuit ». La nuit, ce n'est pas seulement cette obscurité fraîche et humide. C'est surtout l'obscurité intérieure, l'oubli, l'inconscient, l'abysse intime. Et surtout la perte de soi, la dissolution, la décomposition, la défragmentation. Le silence.

J'ai parfois l'impression que mon corps est une épuisette que je traîne au fond des nuits, raclant la boue glacée du monde, dans l'espoir de recueillir une ou deux pépites.

Il en est de l'homme comme de l'arbre. Puis il veut s'élever vers les hauteurs et la clarté, plus profondément aussi ses racines s'enfoncent dans la terre, dans les ténèbres et l'abîme, dans le mal !
Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra
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Musique en flocons
Lundi 2 février 2009

Ce matin, il neigeait.

Par la fenêtre, tout était froid et blanc. Il y avait les toits, les cheminées, les bouts de murs. De tout petits flocons tourbillonnaient dans l'air. C'était un temps à ne rien faire. Alors je n'ai rien fait, et je suis resté là à regarder par la fenêtre. Et j'écoutais Erik Satie. Je me suis rendu compte que sa musique allait parfaitement avec ce temps : chaque note tombe doucement, comme un flocon de neige.

A quelques mètres, sur une branche, il y avait une sorte de corbeau, je veux dire un oiseau à peu près noir. Comme moi, il attendait et il regardait la neige tomber. Que faire d'autre par ce temps ? On attend et on regarde. Les animaux attendent. Les végétaux aussi : cet arbre décharné sur lequel l'oiseau est posé, qui tend ses bras nus vers le ciel, qui ressemble à un saule mais n'en est pas un, lui aussi semble attendre que ça passe : tout sec, dans le froid, il a cessé de vivre, momentanément. Il hiberne.

Bref, tous les êtres vivants (l'arbre, l'oiseau et moi) étaient là, à attendre que ça passe, que le monde minéral ait fini de s'agiter.

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