A sa mort, un athée arrive au ciel. Dieu se dresse devant lui et lui dit : ou bien tu crois en moi et tu vas au paradis ; ou bien tu persistes à nier mon existence et je t’envoie en enfer.
A quoi l’athée répond : « Envoie-moi en enfer, vil séducteur, j’ai une dignité, toute ma vie j'ai résisté de mon mieux à la corruption, et ce n'est pas aujourd'hui que je vais troquer ma raison et mon âme contre quelques mesquines jouissances paradisiaques. »
Dieu ne meurt pas.
Ça sonne anti-nietzschéen, mais c'est dit en prenant le mot « Dieu » en un sens différent, absolument non chrétien (quoique les ambiguïtés sur ce mot, comme sur les mots en général, soient indémêlables) : en entendant Dieu au sens des philosophes, au sens des artistes, au sens de Victor Hugo (cf. ce post). C'est-à-dire l'esprit ou, si on veut, le champ du possible.
Encore un point commun entre l'Etat et Dieu : l'Etat, comme Dieu, n'existe que si on croit en lui.
(Exister signifie ici avoir des effets, fonctionner. Ni Dieu ni l'Etat n'existent réellement, bien entendu, pour le plus grand bonheur des athées, des anarchistes et autres voyous.)
Big Brother n'est pas nouveau. Dieu, ce justicier bienveillant, tout-puissant et surtout omniscient, n'était pas autre chose.
Simplement, avec le déclin de la religion et le progrès de la technologie, ce vieux dispositif sembla ne plus suffire. Le prêtre céda la place au policier, puis au médecin. Et l'œil imaginaire de Dieu fut remplacé par l'œil électronique des caméras de surveillance.
Mais le fonctionnement est le même : dans chaque cas c'est le sentiment d'être observé qui assure le fonctionnement automatique du pouvoir.
Une société est définie par son pouvoir. Et ce pouvoir, est un pouvoir sur les corps. La société est un corps. Elle cherche seulement à nous égarer avec ses histoires.
Tous ceux qui ont du pouvoir, peuvent agir (avec le corps) de telle sorte que le corps en soit affecté : violence directe, libertés du corps réduites, pouvoir d'achat modifié donc confort de vie modifié etc (Armée, police, fonctions sociales, professeurs etc
Si ce pouvoir sur les corps (effets sur lui) n'existe pas, que reste-t-il ? De la propagande, de la persuasion, la culture. Il suffit en effet de n'y attacher aucun crédit. Pouvoir réduit à néant. Cause toujours.
Le but d'une société est donc de justifier, de légitimer ce pouvoir sur les corps par de longs discours.