La question des droits d'auteurs sera tranchée par le fait : s'il devient trop facile de pirater les œuvres, alors elles deviendront nécessairement gratuites ; si au contraire il est possible de créer des œuvres efficacement protégées, alors on parviendra à les faire payer, et on ne s'en privera pas.
Car le droit, contrairement à ce qu'on est parfois enclin à penser, est souvent un simple entérinement des pratiques.
Exemple : Il serait illusoire de penser que le principe de fonctionnement des bibliothèques, couplé à la modernité, entraîne automatiquement la gratuité universelle de toutes les œuvres. (Il suffit que les bibliothèques se dotent d'un portail en ligne...) En réalité, ce que montre l'histoire actuelle, c'est que les bibliothèques n'ont été autorisées que parce qu'il y avait des contraintes matérielles à la diffusion des œuvres.
Le droit est donc en quelque sorte la description, la régularisation du fait. Et le plus étonnant, c'est que cet état de choses est juste. Car il consiste à laisser les hommes faire ce qu'ils peuvent. Le piratage est irrépressible ? Ok, on l'autorise. Il est possible de verrouiller un bien pour le commercialiser ? D'accord, l'achèteront ceux qui voudront.
J'apprends que le site Wikileaks, à ranger au Panthéon des héros de notre temps, aux côtés des pirates suédois et des idéalistes californiens, vient de publier une mystérieuse assurance. C'est un gros fichier (1,4 Go) crypté.
Tout le monde peut le télécharger, mais personne ne sait ce qu'il y a dedans. Apparemment Wikileaks l'utilise pour résister aux pressions du Pentagone (suite au dévoilement de nombreux fichiers confidentiels sur la guerre en Afghanistan par Wikileaks). On peut donc imaginer qu'il y a dans ce fichier des choses pas très claires concernant les dirigeants de Washington.
Logo de Wikileaks
Je ne sais pas ce que tout cela va donner, mais nous vivons décidément une époque passionnante : la simple technologie de l'information semble en passe de dézinguer pas mal de choses et de réaliser des révolutions auxquelles nous n'osions même plus rêver. Nous allons peut-être comprendre, dans les temps qui viennent, que l'information, c'est tout : je veux dire par là, que toute l'organisation sociale et tous les rapports de pouvoir en dépendent. Oui, nous sommes peut-être à l'aube d'une révolution sans précédent, que personne n'a vu venir mais qui s'annonce fracassante. Et tout cela par la simple transmission des mots.