Le brin d'herbe

Blog philosophique et politique

Le pays des droits de l'homme
Jeudi 16 septembre 2010

La France, le pays des Droits de l'Homme ?

Ce concept constitutif de l'identité française (un peu vaniteuse, comme il se doit) est en train d'être décapé au kärcher par le gouvernement, Sarkozy en tête, avec derrière lui, en rangs serrés, marchant au pas, avec ce regard baissé propre aux racistes de village, tout ce que la France compte d'arriérés.

C'est un paradoxe : ce Sarkozy qui voulait revigorer l'identité française est en train de la détruire, et au lieu de restaurer la grandeur de la France il mine définitivement les derniers espoirs du genre. Désormais la France pourra difficilement porter la voix du droit à l'international sans faire hurler de rire.

drapeau France ensanglanté

Avec tout ça on a la désagréable impression que le XXIe siècle commence par une affaire Dreyfus, mais une affaire Dreyfus perdue. Mauvais augure.

Ultime paradoxe : le gouvernement, magnifique et vaine politique, voudrait extorquer par la force l'amour de la patrie et dans ce but il interdit de se torcher le cul avec le drapeau (cf. l'artiste ayant créé l'image ci-dessous), mais par son action il le salit bien plus sûrement que n'importe quel artiste.

drapeau torche cul

Mots-clés :  France   racisme   identité   
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Le mauvais féminisme
Samedi 15 mai 2010

J'ai déjà parlé de ce point dans un post précédent, mais j'y reviens à l'occasion de la publication du Livre blanc des femmes de ELLE - 20 mesures concrètes pour transformer la vie des femmes… et celle des hommes.

Voici le passage qui m'a le plus gêné à la lecture de ce texte :

Nous demandons que, tout particulièrement dans les lycées professionnels, les orientations des élèves cessent d’être stéréotypées, au motif qu’il y aurait des « métiers d’hommes » et des « métiers de femmes ». Tous les secteurs d’emploi doivent être envisagés d’un point de vue neutre et mixte, y compris par un volontarisme permettant de valoriser ces métiers si féminisés qu’il en sont socialement dévalorisés.

C'est là, je pense, une grande erreur du féminisme. Autant l'identité nationale me semble une absurdité dont je souhaite la disparition, car elle ne repose sur rien de réel et naturel, autant la disparition des identités sexuelles ne me semble ni possible ni spécialement souhaitable. Mais surtout impossible. Et c'est à mon avis une grande erreur que de confondre égalité et identité. Nous pouvons et devons faire de la femme l'égale de l'homme. Mais nous ne pouvons ni ne devons en faire l'identique.

Bref, pour répondre précisément à l'extrait ci-dessus, si des métiers sont dévalorisés car féminins, il ne faut pas agir sur le fait qu'ils sont féminins mais sur le fait que ce qui est féminin est valorisé. La vraie libération de la femme n'est pas de la déguiser en homme et de faire disparaître le féminin, mais de reconnaître enfin le féminin à sa juste valeur !

(D'ailleurs, on trouvera chez Nietzsche, supposément machiste, bon nombre d'éléments pour faire cette révolution, notamment dans sa valorisation du corps par rapport à l'esprit, et plus généralement du détail, de la vie quotidienne, du confort, de la gastronomie, etc.)

propagande féministe

Moi qui ai le goût du paradoxe, je remarque d'ailleurs celui-ci : pour une bonne part, ce qu'on a appelé « libération de la femme » a constitué en fait sa soumission suprême aux valeurs masculines, puisqu'il s'est agi d'imposer ces valeurs aux femmes.

La vraie libération de la femme ne consistera pas à copier l'homme, mais à inventer une femme libre. Libre et différente. Et d'ailleurs l'amour hétérosexuel est en grande partie amour de la différence. Pour une fois qu'une telle chose existe, ne la détruisons pas !

N.B. : Je me rends d'ailleurs compte que les logos féministes expriment à merveille ce « mauvais féminisme » !

logo féministe

Mots-clés :  femme   féminisme   identité   différence   actualités   
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Avoir la même écharpe que son voisin
Mercredi 12 mai 2010

Puisque je suis dans les posts insignifiants, autant continuer gaiement. Donc, voici un paradoxe étonnant : quand on croise quelqu'un, dans une rue ou un couloir, qui a un même vêtement que nous (la même écharpe, par exemple, ou la même chemise), on sent un méchant petit sentiment de gêne (et aussi, peut-être, pour les plus subtils d'entre nous, ce petit frisson mystique ou superstitieux ou comique lié à la répétition, toujours marquante pour l'esprit humain). Ce sentiment se comprend aisément, on ne veut pas être habillé comme l'autre, puisque justement on s'habille pour se distinguer. Et même si on s'habille pour être comme tout le monde, on ne veut quand même pas être exactement identique. On a un soi, quand même, que diable.

Ce petit fait devient drôle quand on prend un peu de recul. Il est comique de constater que nous sommes tous (en tout cas, la plupart d'entre nous) extrêmement conformistes et donc rigoureusement identiques dans notre style ; mais qu'une écharpe soit vraiment la même et nous voilà vexés ou gênés. Nous sommes choqués par le détail, par la petite chose, mais non par la grande, bien plus humiliante pour notre originalité, indépendance d'esprit, goût, etc.

Mots-clés :  autrui   identité   vêtement   
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Identité nationale
Vendredi 4 décembre 2009

Débat amusant, ou pathétique : celui sur l'identité nationale. Un chiffon rouge agité par la droite, pour faire réagir la gauche et remporter des voix. Et ça fonctionne. D'ailleurs moi non plus je ne peux m'empêcher de réagir tant l'idée est absurde.

drapeau français

Quelle idée ? L'idée de vouloir définir et cerner une identité nationale pour en faire un instrument politique d'inclusion et surtout d'exclusion. Ici on n'inclut que pour pouvoir exclure. Tests de langue française, tests d'amour, tests de patriotisme. Nombreuses sont les absurdités qui guettent, des idées et des sentiments plus périmés que jamais.

Pour le dire en un mot : vouloir légiférer sur ces choses-là est impossible et ignoble, car c'est une profonde atteinte à la liberté de pensée. Impossible, car on ne peut toucher à cette liberté, nul ne peut lire les pensées et sentiments d'autrui. Ignoble, car vouloir le faire est ignoble et détestable. C'est le viol politique. Se soucier d'une intimité qui ne regarde personne.

La loi ne peut et ne doit porter que sur les actes. Tout ce que l'on peut exiger d'un citoyen, d'un individu, c'est qu'il se comporte de telle ou telle manière. Ses mots et ses pensées doivent rester libres. Les tentatives de résoudre divers problèmes (paix sociale, terrorisme, etc.) en portant atteinte à cette liberté fondamentale sont vouées au rejet et à l'échec.

Il est vrai que c'est là la spécialité de la France, sous couvert de la formule magique « intégration » : l'Etat français a déjà porté atteinte à la liberté religieuse en interdisant le voile ; il n'est plus à une ignominie près.

Mots-clés :  liberté   liberté de pensée   patriotisme   politique   identité nationale   France   actualités   
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Le difficile concept d'aliénation
Lundi 4 mai 2009

Le concept d'aliénation est très problématique.

On dit que l'homme est influencé par ses amis, par la publicité, par les médias ; qu'il ne pense pas et n'agit pas, mais qu'il est pensé et agi ; bref, qu'il est aliéné, c'est-à-dire privé de sa liberté de penser, sournoisement influencé : il ne fait pas ce qu'il « veut vraiment », il est détourné de « lui-même ».

Tous les jours je lave mon cerveau avec la télé

Le problème, c'est que tout cela suppose qu'il y a quelque chose que nous « voulons vraiment », qu'il y a un « soi-même », que nous avons tous une identité propre à laquelle nous pourrions être conformes ou non.

Et si l'homme était un ordinateur sans programme, un oignon sans noyau, une série sans raison ? Ou encore un char bancal, allant de-ci de-là, au gré des chaos du chemin, sans direction propre autre que celle donnée par la contingence des rencontres ? Nous voyons une fraction de courbe, et nous supposons que c'est une portion de cercle, et que ce cercle a un centre quelque part ; mais s'il n'y avait pas de centre, et si la courbe n'était pas même circulaire, mais difforme, indéterminée ?

On pourrait ajouter qu'il est vain de vouloir échapper aux aliénations, et que dans le meilleur des cas on ne peut qu'espérer apprendre à « gérer » les aliénations, à se mouvoir parmi elles, à jouer une influence contre l'autre, à choisir nos amis et nos trahisons. Tirer sur les différentes ficelles plutôt que les couper, un peu comme le stoïcien nous invite à prendre conscience des contraintes pour agir en fonction d'elles plutôt qu'à les affronter vainement.

Mais il y a peut-être une voie pour donner un sens à l'idée d'aliénation. Il suffirait de définir notre « vraie volonté » comme ce que nous voudrions si nous savions tout, si nous étions parfaitement lucides sur nous-mêmes et sur le monde. Il n'y a aliénation, ou drogue, que si celui qui se drogue n'est pas véritablement conscient de ses actes et de leurs conséquences. Dans le cas contraire, tout va bien, et il n'y a rien à redire.

La seule éthique est dans la connaissance. On ne peut rien reprocher, d'un certain point de vue éthique, à un homme qui agit en connaissance de cause. Il n'y a pas de mal, il n'y a que de l'erreur.

Et enfin la mystérieuse identité de chacun est un idéal que nous pouvons construire et imaginer par cette hypothèse de l'omniscience.

Ces remarques éclairent aussi la fameuse maxime grecque : « Connais-toi toi-même. » C'est la maxime éthique suprême d'un peuple pour qui « nul n'est méchant volontairemt ».

Mots-clés :  aliénation   soi   identité   interprétation   connaissance de soi   
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