Le brin d'herbe

Blog philosophique et politique

Un monde sans pépins est-il possible ?
Dimanche 27 juin 2010

A l'heure où il est question de commercialisé un saumon génétiquement modifié, voici un argument léger pour un grave sujet. wizzz

J'ai vu récemment une publicité pour une pastèque – sans pépins (laquelle a été produite, comme les raisins et d'autres fruits, par sélection naturelle et sans modification génétique directe). Eh bien, il se trouve qu'une tranche de pastèque sans pépins, ce n'est pas beau.

Pastèque sans pépins

Et cet argument me décide à continuer à manger des pastèques avec pépins. (Il y aurait même un autre argument, que j'ai déjà évoqué, qui selon lequel il n'est permis de manger que les fruits à graine : c'est de considérer l'intérêt de la plante, qui produit des fruits pour disséminer ses graines et se reproduire ainsi...)

Le critère esthétique est décidément souvent utile.

Bosch, enfer

Je sens que nous évoluons inéluctablement vers un monde monstrueux (avec des aliments OGM, des ordinateurs biologiques, des cultures d'organes et de sang, des générateurs d'électricité végétaux) et une exploitation toujours plus sophistiquée de la vie. Dans ce monde il sera de plus en plus difficile de justifier notre conservatisme, notre attachement au passé, à la nature, aux simples choses comme elles étaient, au réel avec sa part d'imperfection (Zizek évoque tous ces nouveaux produits vidés de leur substance : café décaféiné, fromage sans gras, sucre allégé (sucre sans sucre), sexe virtuel (sexe sans sexe), etc.).

Toute la question est de savoir ce qui va se passer. Ou bien le monde deviendra monstrueux (j'emploie ce terme au sens strict, sans connotation négative), ou bien un très fort argument conservateur (j'emploie aussi ce terme de manière neutre) émergera pour nous pousser à freiner cette exploitation monstrueuse de la vie.

En attendant, quand j'entends parler de ces monstres j'ai envie d'aller manger le fruit le plus sauvage et le plus tordu qui soit, caché au fin fond d'une forêt. Je remarque d'ailleurs que ces fruits sont souvent extrêmement goûtus, et que le goût est souvent en fonction inverse de l'apparence (qu'on songe aux petites fraises sauvages). Sans doute que tout se paie et que chaque nouvelle technique nous fait perdre autant qu'elle nous fait gagner. J'ai parfois l'impression que le même argument vaut dans le domaine énergétique, et que chaque nouvelle technologie, plus « propre », induit une saleté plus concentrée mais plus coriace, plus dangereuse. Que l'on compare par exemple la vieille craie, qui salit copieusement les mains, avec les nouveaux feutres et leur encre chimique.

L'idée que l'on perd toujours autant que l'on gagne, voilà une loi de Murphy qui me semble d'ailleurs assez crédible du fait que des lois du même style ont été établies en physique (notamment la loi de la croissance de l'entropie, liée à la loi de conservation de l'énergie et à la fameuse formule : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme).

Affaire à suivre...

Pour ce qui est des OGM, je ne suis pas convaincu de leur nocivité, mais je propose la position suivante (outre l'argument esthétique, non négligeable, mentionné plus haut) : nous n'en avons pas besoin. Nous pouvons nourrir l'humanité sans cela. Et même si les risques ne sont pas clairement identifiés, le principe de précaution devrait nous inciter à la plus grande prudence, comme pour la question du réchauffement climatique.

Mots-clés :  éthique   bioéthique   alimentation   vie   biopouvoir   technique   OGM   authentique   
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Dans le doute, amuse-toi
Dimanche 8 février 2009

De plus en plus, nos actes sont guidés par le discours du biopouvoir. Par exemple, les discours des nutritionnistes sur ce qui est bon et ce qui ne l'est pas déterminent de plus en plus notre alimentation. Or agir en suivant ces prescriptions est non seulement laid et ennuyeux, mais douteux, car les questions sont loin d'être tranchées. Chaque nouvelle étude tend à contredire la précédente. La salade est cancérigène ; mais ne pas manger de salade est encore plus cancérigène. La science n'a pas encore fait le tour de l'homme, et il est probable qu'en vérité l'alimentation idéale dépend de la complexion de chacun, et que finalement notre goût, notre instinct, soit le meilleur guide. Et quand bien même il ne le serait pas, ne vaut-il pas mieux une vie courte passée à faire ce qu'on aime plutôt qu'une longue vie guidée par les prescriptions et les ordonnances des médecins et des scientifiques ?

Voici donc une philosophie merveilleusement simple : dans le doute, quand il faut choisir entre deux actes aux conséquences lointaines et incertaines, autant opter pour la solution la plus agréable dans l'immédiat.

Finalement cette philosophie est en quelque sorte l'inverse du pari de Pascal. A l'époque où l'éternité paraissait avoir quelque crédibilité, Pascal pouvait utiliser les statistiques pour recommander de sacrifier la vie terrestre dans l'espoir d'un au-delà. Aujourd'hui, avec la terre et la chair pour seuls horizons, les mêmes statistiques nous conduisent au résultat inverse, et au principe de précaution on peut opposer le principe de plaisir.

Mais ceci ne vaut que pour l'action qui n'engage que nous. Quand notre action risque d'avoir des conséquences pour l'environnement et les générations futures, alors la prudence reste de mise.

Mots-clés :  biopouvoir   technique   incertitude   optimisme   confiance   
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