Le brin d'herbe

Blog philosophique et politique

Le vide et le plein
Dimanche 24 octobre 2010

Allez, encore une apologie du vide et du néant.

Il va d'ailleurs falloir créer un autre sens du mot nihiliste : nihiliste au sens, tout simplement, de celui qui aime le néant, nihilophile si l'on veut, à ranger quelque part entre le je-m'en-foutiste et l'à-quoi-bontiste.

Donc voici : il y a que le vide est plein, peut-être plus plein que le plein lui-même.

Car voici ce qui se passe : dès qu'un temps mort (qu'on pourrait d'ailleurs aussi bien appeler temps libre) se présente dans notre vie, nous sommes saisis d'effroi et il faut absolument le combler, remplir chaque minute d'attente par une activité utile ou distrayante.

Or parfois, rebelle, voilà qu'au lieu de se jeter sur quelque nouvelle activité on décide de passer deux heures à ne rien faire. Et on se rend compte alors que ce néant est bien loin d'être vide, il fourmille de mille choses, mille pensées, mille désirs, mille rêveries nouvelles, et au terme de ces deux heures passées allongé sur le canapé on a le sentiment d'en avoir beaucoup plus fait que pendant toute une journée de travail.

Ainsi l'idée que rien ne peut surgir du néant est bien naïve, et ces moments de vide évoquent plutôt la tumultueuse agitation quantique qui règne dans le néant lui-même – le vrai –, à en croire les physiciens...

Voilà une pensée bien adaptée pour un dimanche !

Mots-clés :  néant   vide   possibilité   
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Rêve et réalité
Jeudi 1er avril 2010

La réalité
est le refuge
de ceux qui ne supportent pas
le rêve.

Et non l'inverse.

Mots-clés :  rêve   réalité   utopie   possibilité   optimisme   aphorisme   
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Dernières possibilités avant le suicide
Jeudi 26 novembre 2009

L'autre jour, alors que les dieux me torturaient en m'envoyant toutes sortes de maux à la fois – maladies, tracas professionnels, problèmes d'appartement, etc. –, j'ai soudain pensé au suicide.

Et j'ai vu aussi toutes les possibilités intermédiaires, un peu comme on contemple un paysage depuis le sommet d'une montagne : le renoncement aux objectifs, la démission, le voyage dans le Sud, les vacances prolongées, l'épuisement de mes économies, l'orgie de litchies. Je pense même que si je devais vraiment me suicider, je prendrais quelques jours avant ça pour faire vraiment n'importe quoi, juste pour le plaisir de l'absurdité.

La conclusion paradoxale, c'est que voir ce paysage de possibilités se dérouler sous mes yeux, toutes ces étapes intermédiaires qui me séparaient encore, malgré tout, de l'abîme, fut drôlement réjouissant. Je prenais en réalité conscience de toutes ces contraintes que l'on s'impose à soi-même avec tant d'assiduité qu'on finit par les oublier. (Ici comme ailleurs la possibilité et la contrainte se révèlent simultanément...)

C'est peut-être de ce sentiment que veut parler Heidegger l'obscur quand il évoque la « joie vigoureuse » qui naît quand on est « authentique », c'est-à-dire quand on regarde enfin la mort, cette « possibilité la plus extrême », à l'aune de laquelle seule on peut jauger toutes les autres à leur juste valeur, dans les yeux.

Mots-clés :  mort   suicide   authenticité   existentialisme   possibilité   joie   
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