Le brin d'herbe

Blog philosophique et politique

Le monde comme volonté et représentation
Dimanche 29 août 2010

Aujourd'hui, pas de pensée, seulement cette image :

guerre calme gamaniak

Elle vient du très sympathique site Gamaniak, qui présente plein d'images amusantes, ainsi que des vidéos.

Mots-clés :  image   politique   guerre   spectacle   
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Amérique spinoziste, Europe hobbésienne
Samedi 10 janvier 2009

Il y a deux grandes manières de concevoir la société et les rapports humains : sur le mode du conflit (Hobbes : l'homme est un loup pour l'homme) ou sur le mode de l'entente (Spinoza : l'homme est un Dieu pour l'homme). Dans un cas, la rivalité, la concurrence pour des biens rares (liée au mimétisme des désirs, cf. René Girard), et finalement la guerre de tous contre tous. Dans l'autre, l'union qui fait la force : la division du travail et l'échange. Dans un cas la haine et l'agression (Thanatos, la pulsion de mort) dans l'autre l'amour (Eros). Dans un cas la passion, dans l'autre la raison. Citons encore Spinoza : « Dans la mesure où les hommes vivent sous la conduite de la raison, ils s'accordent toujours nécessairement en nature » (Ethique, IV, 35), de sorte que finalement « l'homme raisonnable est plus libre dans la cité que seul » (Ethique, IV, 73).

Mon impression du jour, c'est que les Etats-Unis sont spinozistes alors que l'Europe est hobbésienne. Aux Etats-Unis, les premiers immigrants ont dû faire face à une nature hostile, puis aux Indiens. Il en est résulté le patriotisme américain, c'est-à-dire l'idée d'un combat mené ensemble pour la survie collective, contre un ennemi extérieur. Plus tard cet ennemi ou cette « frontière » est devenu le nazisme, puis l'U.R.S.S., puis l'espace et les extraterrestres (dans l'imaginaire collectif, cf. le cinéma américain), puis le terrorisme. Patriotisme spinoziste, résumé par la devise nationale : e pluribus unum (de plusieurs, un).

En Europe en revanche, il n'y a pas d'ennemi extérieur. On est entre nous. De sorte que l'histoire européenne est une histoire de déchirements internes, de luttes, de rivalités et de scissions, d'empires partagés qui s'entre-détruisent, etc. Cette tendance culmine lors des deux guerres mondiales du XXe siècle. Et géographiquement, c'est sans doute en France que culmine cet état d'esprit. La France, pays conflictuel par excellence : pays des révolutions, des grèves, des manifestations, des « conflits sociaux ». Pays où la vertu politique consiste à râler, à critiquer et contester tout ordre établi mais aussi toute tentative de changement.

Sans doute y a-t-il une part de vérité dans chacune des deux attitudes. Et sans doute faut-il trouver un juste équilibre. Mais en France nous devons sans doute méditer l'idée de Spinoza : dans la mesure où ils utilisent leur raison, les hommes s'accordent naturellement. Le conflit est toujours le produit de la bêtise. Spinoza, reviens !

Mots-clés :  conflit   spinozisme   guerre   
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L'absence d'Etat palestinien, condition de la guerre
Vendredi 9 janvier 2009

Je viens de piger un truc. [Wêêe !]

Pourquoi n'y a-t-il pas d'Etat palestinien ? Pourquoi, par exemple, la bande de Gaza n'est-elle pas intégrée à l'Egypte, et la Cisjordanie à la Jordanie ?

[Carte d'Israël]

Tout simplement parce que l'absence d'Etat est la condition de la guerre perpétuelle.On n'a jamais vu de guerre interminable entre Etats. Quand il y a deux Etats en présence, on se bat une bonne fois pour toutes et puis c'est terminé, il y a un vainqueur et un vaincu. Ce qui signifie que l'Etat vaincu impose la paix à sa population et que celle-ci l'accepte. Ce qui suppose que chaque Etat parvient à contrôler sa propre population. Il en est responsable, et en particulier il est responsable de ses actes face à l'étranger.

Aujourd'hui ce modèle est poussé à sa limite dans plusieurs régions du globe. En un mot, les guerres interétatiques (entre Etats) sont remplacées par le terrorisme, c'est-à-dire une guerrilla menée par des civils. Le cas est similaire pour Al-Qaïda : certains Etats (Afghanistan, Pakistan, Iran) sont plus ou moins accusés de ne pas être capables de réprimer le terrorisme.

Revenons à la bande de Gaza. L'Egypte ne peut intégrer cette région car elle serait probablement incapable de mettre fin au terrorisme palestinien.

Cette situation rend la tâche plus difficile à Israël. Car l'Etat est un dispositif facilitant le contrôle de la population. L'absence de ce dispositif facilite la tâche aux terroristes palestiniens, qui n'ont de comptes à rendre à personne et utilisent la population comme bouclier. Ce qui apparaît donc très clairement dans cette situation particulière, c'est que l'Etat est un système qui parvient à soumettre la population en la privant des armes, en faisant de l'armée un métier et une institution à part. Le véritable état de jungle n'est donc pas entre Etats. Ceux-ci sont au contraire le moyen par excellence de traiter avec l'ennemi et d'établir la paix. Le véritable état de guerre totale existe quand il n'y a pas d'Etat.

Mots-clés :  guerre   conflit   
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Pour se battre il faut s'aimer
Lundi 5 janvier 2009

C'est la rentrée ! [Ouin !]

En méditant le cours de cette semaine je viens de résoudre une question que je me pose depuis que je suis enfant ! [Wêêe !]

La voici (attention les yeux) : « Pourquoi y a-t-il des conflits amoureux ? »

Je sais ça semble idiot. Mais je n'ai jamais pu comprendre ça : deux personnes qui s'aiment, et qui se disputent. Et même deux personnes qui se disputent. Soit on s'aime, soit on ne s'aime pas. Mais pas les deux à la fois ! Soit on s'aime et on reste ensemble, soit on s'aime pas et on se sépare. Mais comment expliquer ce phénomène hideux qu'est le conflit ?

La réponse m'est venue en méditant la notion kantienne d'insociable sociabilité : le fait que les hommes ne peuvent se passer des autres (car ils ont besoin des autres pour survivre ou être reconnus) mais ne parviennent pas non plus à s'entendre harmonieusement (car chacun veut tout mener à sa guise). Voir le texte de Kant sur l'insociable sociabilité et la métaphore des hérissons de Schopenhauer.

En réalité, s'il y a conflit, c'est en raison de l'ambivalence fondamentale entre amour et haine, entre Eros et Thanatos. Pour qu'il y ait conflit il ne suffit pas de se détester, il faut aussi s'aimer. Il ne faut pas seulement être en désaccord, il faut aussi être en accord, ou du moins avoir besoin de l'autre. Voilà pourquoi les hommes se disputent : ils ne peuvent s'entendre, mais ils ne peuvent pas non plus se passer d'autrui.

La haine seule ne suffit pas à mener au conflit. Plus exactement, il y a dans la haine de l'amour, de l'estime de son ennemi. C'est ce qui distingue la haine du mépris, et c'est pourquoi le mépris est bien pire que la haine. La haine surgit du besoin de reconnaissance, du besoin d'être aimé par celui qu'on déteste.

Mots-clés :  paradoxe   amour   conflit   guerre   
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