Paradoxe apparent : pour susciter le désir (d'acheter) des femmes, les publicitaires leur montrent des femmes.
Ce paradoxe n'est qu'apparent, et s'explique par la nature triangulaire du désir. Les femmes désirent certes les hommes, mais elles désirent aussi, voire surtout, par rapport aux autres femmes, en se comparant à elles. Ainsi une femme voyant une belle femme sur une publicité voudra être aussi belle qu'elle.
La rivalité est parfois plus stimulante que l'objet du désir lui-même.
Les femmes habillées d'une manière un peu élégante, excitante, sexy, se font régulièrement traiter de « putes » par des hommes au regard plein de haine et de mépris.
Ces hommes sont parfois traditionalistes et religieux, mais pas toujours : on trouve cette réaction dans toutes les cultures.
Je n'ai jamais compris cette réac'.
De mon point de vue naïf, au contraire, ces femmes sont merveilleuses, elles embellissent le monde et stimulent le désir. Il faudrait les remercier, les féliciter pour cela.
(Pour cette même raison je n'ai jamais vraiment pu comprendre les récriminations contre l'image de la femme que donne la publicité. Montrer le corps de la femme ne me semble pas honteux car le corps n'est pas inférieur à l'esprit. Cf. cet article de Rue89 et les commentaires qui l'accompagnent.)
D'où vient donc cette haine pour la beauté des femmes ?
De quoi a peur ce mâle ?
D'être trompé ? Que la femme lui échappe ?
Etrange affaire...
Curieuse tendance que celle à l'amincissement des modèles.
Certains philosophes y ont vu un désir de l'enfance et de la jeunesse éternelle, spécifique au jeunisme de notre époque peterpanesque.
Je propose une autre hypothèse : le désir est manque, et chaque époque rêve ce qui lui fait défaut. Hier on mourrait de faim, alors les Vénus étaient replètes. Aujourd'hui on est obèse, alors les mannequins s'affinent.
J'ai déjà parlé de ce point dans un post précédent, mais j'y reviens à l'occasion de la publication du Livre blanc des femmes de ELLE - 20 mesures concrètes pour transformer la vie des femmes… et celle des hommes.
Voici le passage qui m'a le plus gêné à la lecture de ce texte :
C'est là, je pense, une grande erreur du féminisme. Autant l'identité nationale me semble une absurdité dont je souhaite la disparition, car elle ne repose sur rien de réel et naturel, autant la disparition des identités sexuelles ne me semble ni possible ni spécialement souhaitable. Mais surtout impossible. Et c'est à mon avis une grande erreur que de confondre égalité et identité. Nous pouvons et devons faire de la femme l'égale de l'homme. Mais nous ne pouvons ni ne devons en faire l'identique.
Bref, pour répondre précisément à l'extrait ci-dessus, si des métiers sont dévalorisés car féminins, il ne faut pas agir sur le fait qu'ils sont féminins mais sur le fait que ce qui est féminin est valorisé. La vraie libération de la femme n'est pas de la déguiser en homme et de faire disparaître le féminin, mais de reconnaître enfin le féminin à sa juste valeur !
(D'ailleurs, on trouvera chez Nietzsche, supposément machiste, bon nombre d'éléments pour faire cette révolution, notamment dans sa valorisation du corps par rapport à l'esprit, et plus généralement du détail, de la vie quotidienne, du confort, de la gastronomie, etc.)
Moi qui ai le goût du paradoxe, je remarque d'ailleurs celui-ci : pour une bonne part, ce qu'on a appelé « libération de la femme » a constitué en fait sa soumission suprême aux valeurs masculines, puisqu'il s'est agi d'imposer ces valeurs aux femmes.
La vraie libération de la femme ne consistera pas à copier l'homme, mais à inventer une femme libre. Libre et différente. Et d'ailleurs l'amour hétérosexuel est en grande partie amour de la différence. Pour une fois qu'une telle chose existe, ne la détruisons pas !
N.B. : Je me rends d'ailleurs compte que les logos féministes expriment à merveille ce « mauvais féminisme » !
Dans le Dictionnaire amoureux du judaïsme de Jacques Attali, celui-ci propose une interprétation originale du mythe d'Adam et Eve.
Habituellement, on considère que c'est un mythe misogyne, car il attribue à Eve la responsabilité du péché originel. Par gourmandise et par curiosité (deux défauts bien connus des femmes), elle cède à la proposition du serpent, croque le fruit défendu et en fait goûter à Adam. Mais on peut voir dans ce « péché » le choix de la liberté et de la connaissance plutôt que le bonheur éternel dans l'ignorance.
(Cela fait penser à l'idée qu'il vaut mieux être un sage insatisfait qu'un port satisfait ; et aussi au mythe d'Ulysse qui renonce à la vie éternelle sur une île avec la belle déesse Calypso et préfère vivre sa vie de mortel...)
Ainsi Attali souligne, après d'autres, que Eve n'a pas été créée avec une côte d'Adam mais avec un côté d'Adam : idée que l'humanité a été divisée en deux, la partie féminine et la partie masculine.
De plus, Attali nous rappelle qu'il existait, selon certaines traditions, une autre femme avant Eve : la sulfureuse Lilith, qui aurait refusé de se soumettre à Adam, puis à Dieu. Ce serait elle qui, déguisée en serpent, aurait tenté Eve...
Cette idée de la femme comme symbole de la liberté est intéressante... Depuis la Révolution française, c'est d'ailleurs une femme qui symbolise la liberté en France : La Liberté guidant le peuple de Delacroix présente une femme comme allégorie de la liberté. La Liberté éclairant le monde d'Eiffel et Bartholdi (la statue de la liberté), offerte par la France aux Etats-Unis, est encore une femme.
C'est bon, les mecs, vous pouvez tout arrêter !
Je viens de piger ça : il n'y a pas de séduction.
Je veux dire que la séduction ne sert à rien. On fait tout un cinéma, tout un numéro, mais de toute façon la fille voit bien qui on est, ce qu'on est. Et elle décidera en toute lucidité, généralement au premier regard, si elle nous aime ou non. Notre petit jeu ne trompe personne.
Bref, on peut tout arrêter ! On peut redevenir normaux. Retrouver notre désinvolture naturelle, qui est d'ailleurs si classe. Bonne nouvelle ! Plus besoin de stresser, pas d'efforts laborieux à fournir. Sois toi-même, et de toute façon la fille qui doit t'aimer t'aimera.
Voilà une pensée tranquillisante ! Avec ça on regarde d'un œil désabusé le flot frénétique, chaque jour renouvelé, des dragueurs : toute cette énergie, ces mots, ces trésors d'imagination, ces grands gestes théâtraux, tout cela en vain, en pure perte ! Alors, comme tout ce qui est inutile, ça en devient beau.