Le brin d'herbe

Blog philosophique et politique

Gaspiller pour créer de l'emploi ?
Jeudi 27 mai 2010

Il y a une idée à laquelle il devient urgent de tordre le cou : cette manière de justifier le gaspillage en disant que « ça crée de l'emploi ». Par exemple, au boulot, on imprime un dossier inutile, et on s'excuse du gaspillage de papier en (se) disant que ça fait travailler les papetiers.

La réponse fondamentale à cette erreur est de se souvenir que notre but n'est pas de travailler plus, mais au contraire de travailler le moins possible. (Une idée que l'on a gravement tendance à oublier à cause des multiples discours sur la nécessité de « créer des emplois », alors que le but est au contraire d'en détruire, comme je l'explique sur ce post.)

Ce qui précède est l'argument fondamental. Il peut être utile d'ajouter la reformulation suivante, plus concrète : Prenons l'exemple, cette fois, d'un papier que l'on jette dans la rue. « Ça fait travailler les balayeurs », nous dit notre aimable pollueur. Oui, mais il faudra le payer, avec nos impôts. Dans le cas d'un entreprise (où, là encore, on gaspille volontiers puisqu'on n'en supporte pas directement le coût), le coût est supporté par le clients de l'entreprise.

Bref, le gaspillage est non seulement écologique, mais il est aussi humain et économique.

Dernier argument pour la route : le gaspillage est même nuisible à l'emploi car il rend l'économie d'un pays moins efficace donc moins compétitive. Cet argument reste limité, car il est à courte vue (échelle nationale), mais il peut s'avérer utile dans certains cas...

Mots-clés :  économie   écologie   gaspillage   emploi   chômage   
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Objectif : détruire des emplois
Dimanche 19 juillet 2009

Toute l'histoire humaine est commandée par le progrès scientifique et technique.

La conséquence économique de ce progrès est une augmentation de l'efficacité du travail : on peut produire les mêmes richesses avec moins de travail humain et de ressources naturelles (énergie et matières premières). La destruction de travail est donc un objectif à la fois humaniste et écologique.

Ainsi, il faut se réjouir de toute destruction d’emplois : remplacement de tisserands par des métiers à tisser, d’ouvriers par des machines, de paysans par des tracteurs, de postiers, avions, trains et voitures par des e-mails, de fonctionnaires par des ordinateurs, de caissières par des caisses automatiques, d'encyclopédies papier coûteuses par des encyclopédies en ligne gratuites, etc.

Tous les boulots doivent disparaître, à commencer par les boulots de merde. Car, n'en déplaise aux fines oreilles, il y a des boulots de merde. Que les belles âmes égalitaires qui s'inquiètent déjà d'une stigmatisation du lumpen-prolétariat se rassurent : les métiers d'en haut sont bien aussi merdiques, que ceux d'en bas – quand ils ne le sont pas davantage.

Et si, demain, une nouvelle invention venait détruire un pan entier de l'économie, il faudrait s'en réjouir. C'est d'ailleurs en grande partie ce qui se passe avec internet, où on assiste à la réalisation de l'idée fondamentale du marxisme : le progrès technique entraîne un gain de productivité tel qu'une activité autrefois contrainte par le système économique bascule dans le bénévolat et la gratuité.

On dira que c'est une catastrophe ; que des milliers d'emplois seront détruits ; que des gens se retrouveront au chômage ; etc. A cela il faut répondre plusieurs choses.

D'abord, du point de vue strictement économique, le bilan de toute destruction d'emploi est nul : car ce que les hommes ne gagnent plus en tant que salaires, ils ne le paient plus en tant que consommateurs. En revanche le bilan humain est très positif, puisqu'on obtient, collectivement, les même richesses avec moins de labeur.

Ensuite, on pourrait ajouter que le chômage n'est pas si grave, surtout dans des pays où il est indemnisé comme en France. Mais l'essentiel est ailleurs : l'essentiel, c'est qu'il faut que la destruction du travail aille de pair avec le partage du travail restant.

On peut tout de même se poser la petite question suivante : vaut-il mieux maintenir des emplois peu utiles ou les supprimer carrément ? En les maintenant, on verse des salaires, qui contribuent à la consommation. Mais en les supprimant, on réalise des économies (d'autant plus que les emplois dont on discute ici ne peuvent être que des emplois publics). Par conséquent, l'argent économisé ainsi peut alléger les charges pesant sur le travail véritablement utile et stimuler celui-ci.

Ainsi, on pourrait proposer la stratégie suivante, qui a le mesure d'être très claire et concrète : supprimer radicalemement tous les emplois inutiles, réaliser des économies aussi rigoureuses que possibles dans tous les domaines, en licenciant un maximum de personnes ; et investir l'argent ainsi économisé dans des travaux utiles, qui ne manquent pas, notamment à l'époque où on prend enfin conscience de la terrible menace que l'homme fait peser sur l'équilibre de la planète. En particulier, un investissement massif dans les énergies renouvelables et la recherche qui leur est liée est urgent.

Bref, l'emploi inutile est un gaspillage absolu, sans aucune contrepartie positive. Il est donc indéfendable.

Ainsi les émeutes populaires contre le progrès technologique, avec destruction de métiers à tisser et exécution de l’inventeur, constituent le degré zéro de l’intelligence économique et de la conscience historique.

Il ne faut pas s'opposer au formidable mouvement historique du progrès, mais au contraire l'encourager, et s'attaquer au seul problème qu'il pose : la concentration du travail, ou plus exactement du pouvoir et des richesses, dans quelques mains.

Tel est le défi qui se présente à nous : parvenir à un juste partage du travail, du pouvoir et des richesses.

Mots-clés :  économie   travail   emploi   liberté   
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