Le brin d'herbe

Blog philosophique et politique

De la superficialité du sourire
Samedi 5 mars 2016

Quand on parle de la froideur des relations en France, de la distance qui règne entre les hommes, par opposition aux pays où les contacts sont plus faciles, comme les Etats-Unis, la réponse habituelle est celle-ci :

« Oui, mais dans ces pays les relations sont plus superficielles. »

Euh, attends... euh...

Ben... Oui ! Bien sûr que ces relations sont plus superficielles ! Forcément ! Par définition ! Sourire à son voisin, parler à un passant, c'est nécessairement une relation superficielle. Et alors ?

Tout se passe comme si nous disions : « Je refuse de sourire aux gens, parce qu'un sourire est quelque chose de trop superficiel. »

:)

Ah, qu'elle est belle, notre profondeur philosophique française ! lol

Mots-clés :  ambiance   bonheur   culture   révolution culturelle   France   
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Heure d'été
Samedi 4 avril 2015

Suggestion : remplaçons l'heure d'été et l'heure d'hiver par une différence de volume de travail : travaillons 7 heures en hiver et 8 heures en été.

Ainsi nous serons davantage avec la nature. Nous ferons des économies d'énergie (électrique et humaine), nous optimiserons notre temps de travail (en travaillant plus quand nous sommes naturellement plus efficaces).

soleil

Nous serons moins fatigués pour un meilleur résultat.

Nous serons plus riches.

Nous serons plus heureux.

Nous serons plus économes en ressources naturelles.

Notre époque vit engluée dans les fausses contradictions. En vérité tous les idéaux - humain, économique, écologique - se rejoignent dans un même concept : l'efficacité. Il faut rechercher l'efficacité partout. C'est un concept d'avenir.

Mots-clés :  économie   politique   bonheur   écologie   
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La perfection du monde
Vendredi 8 avril 2011

Il est assez évident que le monde n'est pas parfait, pour autant que le concept de perfection ait un sens : mille choses pourraient aller mieux. Par exemple, les rosiers pourraient ne pas avoir d'épines.

rose

Mais en même temps, il est assez évident aussi que le monde a une sorte de perfection. La question est : de quel type de perfection s'agit-il ?

En fait, dès qu'on se penche sur une imperfection du monde, sur une chose qu'on aimerait voir résolue, dans sa vie ou en général, d'un coup de baguette magique, on se rend compte que ce serait de la triche, et qu'en un sens, n'a de valeur que ce qui dépend de nous.

Et c'est là toute la beauté, toute la perfection du monde : malgré toutes les merdes dont il est empli, malgré la déprime qui nous guette même sous un soleil éblouissant (il a beau tout dominer, il est si vite caché par les nuages !), ce qui est splendide, c'est cette liberté qui est la nôtre, c'est le fait que nous soyons paumés là comme ça, seuls. Car c'est ce qui donne de la valeur à toute chose. Et du coup même notre déprime, par exemple, devient aimable et nécessaire, elle devient la condition du bonheur, parce qu'elle ne dépend que de nous et il ne dépend que de nous de la surmonter.

Et c'est finalement ça la vie, ce simple défi : créer son bonheur soi-même. Car chacun est créateur de son monde, de ses valeurs, de son univers. Chacun décide de donner (ou non) de la valeur aux choses, de les aimer, et c'est de là que naît tout bonheur.

La vie est cela, ni plus ni moins, et on peut faire bien des choses pour aider autrui, mais au fond, lui seul peut créer son propre bonheur. On ne peut pas aimer à sa place.

Sous cette lumière l'amour devient le sésame du bonheur. L'impératif chrétien d'aimer n'est donc pas seulement moral ; mais s'il faut aimer, il ne faut pas forcément aimer les autres, on peut aimer les choses. Et pour ce qui est de l'amour des hommes, il ne s'agit pas non plus d'aimer tous les autres. On peut se contenter d'aimer quelques amis (cela suffit pour être heureux).

Bref, on peut simplifier ce vieux commandement moral pour en faire un guide éthique fort simple :

Aime !

Mots-clés :  éthique   monde   vie   bonheur   valeurs   perfection   théodicée   amour   
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Le goût de l'absurde
Mercredi 17 novembre 2010

« Comment peux-tu jouer au tennis toute la journée ? demanda Houei-Tseu à Tchouang-Tseu. C'est une activité qui n'a pas de sens.

– Le monde n'a pas de sens, répondit Tchouang-Tseu en s'épongeant le front.

– Oui, mais l'homme a besoin de sens, répliqua Houei-Tseu, et c'est pourquoi il fuit cette absurdité dans la pensée, par laquelle il donne sens à ce monde qui sans lui n'en aurait pas. Moi, je ne saurais vivre sans ce sens.

– Justement, mon activité est pleine de sens : par la pratique de l'absurde j'apprends à l'expérimenter, à le vivre, à l'accepter. C'est un bel et agréable exercice. Le sens de ma vie est de me faire à l'idée que la vie n'a pas de sens.

– Alors le jour où tu auras atteint ton but, tu arrêteras de jouer au tennis ?

– Au contraire, je continuerai de plus belle, mais pour le plaisir cette fois, enfin libre, comme un enfant.

– Je t'admire, Tchouang-Tseu, mais je ne t'envie pas, car l'absurde n'est pas la maison où je souhaite habiter.

– Es-tu tu sûr de ne pas aimer l'absurde ? demanda Tchouang-Tseu en clignant des yeux. L'as-tu bien regardé, l'absurde, brûler là-haut tout jaune et tout rond ? L'as-tu bien goûté, l'absurde, ferme et juteux comme la chair des pêches ? L'as-tu bien écoutée, la musique absurde ? L'as-tu bien vécu, l'absurde, ce délicieux frisson qui traverse tes membres sans raison et te laisse retomber, inerte comme un absurde caillou ? »

tennis dali

Mots-clés :  absurde   bonheur   existence   sens   
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Happy end
Samedi 31 juillet 2010

Le refus du happy end est une démagogie inversée.

Aujourd'hui en effet, c'est non seulement le bonheur qui est politiquement incorrect, mais aussi le happy end.

Mais franchement, quel mal y a-t-il à s'accorder ce petit plaisir ? Un curieux raisonnement masochiste, lié à une mauvaise conscience généralisée, nous en empêche pourtant.

Le point de vue sur cette question dépend peut-être aussi de l'interprétation que l'on en fait : certes, si le happy end signifie que le monde est heureux, que la vie elle-même se termine bien, alors il est certainement douteux. Mais on peut aussi le voir comme un simple petit plaisir, qu'on s'accorde en art, justement par contraste avec le monde, et qui signifie un optimisme, une insouciance, bref l'envie de se moquer un peu du mal, qui est d'ailleurs si lourdaud.

happy end

Mots-clés :  bonheur   art   malheur   mal   cinéma   
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Faire, être, manger
Jeudi 1er juillet 2010

On n'est pas ce qu'on mange, on est ce qu'on fait.

La preuve, c'est la différence entre la sauterelle et la vache, qui mangent pourtant la même chose.

A dire aux femmes qui pensent que leur santé et leur beauté dépendent exclusivement de ce qu'elles mangent, et non de leur activité et de leur bonheur.

(D'ailleurs ce qu'on mange dépend de notre activité et de notre bonheur.)

Mots-clés :  manger   quotidien   bonheur   divers   
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Le devoir d'être heureux
Dimanche 30 mai 2010

C'est une erreur de croire que les impératifs moraux disparaissent avec les religions. L'athéisme, l'hédonisme et Mai 68 n'ont pas supprimé ces injonctions suprêmes. Toute conception du monde, en effet, porte en elle un commandement, explicite ou implicite.

Dans la conception athée et hédoniste, il y a bien un certain devoir moral, du moins un équivalent de ce qui était le devoir moral. Ce devoir ne consiste plus à souffrir (pour expier, pour les autres, etc.) mais à jouir, à être heureux. :D

En effet, s'il n'y a pas de vie après la mort, si la vie n'a pas de « sens » particulier imposant un type d'action, alors la seule chose à faire est de s'amuser. C'est sympathique, mais cela en vient à fonctionner comme une norme, un impératif et donc une forme de contrainte : si tu n'es pas heureux tu es un raté, tu n'es pas un « élu », ta vie ne vaut rien, elle n'a pas d'intérêt... On décèle mille formes de ce petit dogme dans la vie quotidienne, avec tous ces « ça va ? » par exemple.

Une nuance importante tout de même : cet impératif paraît moins nuisible que d'autres pour deux raisons. D'abord parce que le bonheur est un objectif plutôt sympathique, malgré tout. Ensuite, et surtout, parce qu'il n'est pas vraiment imposé. La religion ordonne, la science conseille.

Mots-clés :  éthique   morale   bonheur   religion   
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Exigeant bonheur
Mardi 25 mai 2010

(Suite du post précédent.)

...Ce que je veux dire, c'est que finalement, dans l'art comme dans la vie, le malheur (la souffrance, la tristesse) est peut-être une solution de facilité.

Il est plus facile d'émouvoir et de plaire par la représentation du malheur que par la représentation du bonheur. Les artistes inventent davantage de tourments psychologiques scabreux que de plaisirs inédits (je pense surtout aux conteurs — romanciers et cinéastes).

Buste de Laocoon

De même il est plus facile d'être malheureux que d'être heureux, de se plaindre que de se satisfaire. Le bonheur demande plus d'imagination que le malheur. Notre esprit nous torture plus volontiers qu'il ne nous réjouit

D'autre part, et surtout, l'homme malheureux est dans une position morale plus facile que l'homme heureux. Car il est à plaindre, le monde est comme endetté envers lui, alors que pour l'homme heureux c'est l'inverse, c'est lui qui est endetté envers le monde... Je crois que Dieu (c'est-à-dire la nature) a décidément un statut économique particulier (cf. ce post sur la valeur de la nature), et qu'il faut parfois savoir refuser de payer !

Mots-clés :  bonheur   malheur   art   esthétique   imagination   dette   
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Je m'en fous
Dimanche 16 mai 2010

« Je m'en fous. »

Ces trois mots magiques (où tient toute la philosophie, selon Montesquieu) sont une bénédiction. J'ai même parfois envie de dresser la longue, l'interminable liste des choses dont je n'ai rien à foutre, juste pour le plaisir.

Mais toute bonne chose a sa contrepartie, et si ces trois petits mots sont une délivrance, ils sont aussi la source d'un tracas peut-être encore plus grand. A tel point qu'on peut remettre en cause l'idéal stoïcien, consistant à mépriser (ignorer) tout ce qui ne dépend pas de nous. Dans leur équation du bonheur, les Stoïciens n'auraient-ils pas oublié le paramètre « ennui » ?

La mélancolie, par Dürer

Mots-clés :  nihilisme   stoïcisme   ennui   bonheur   
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L'incertitude du bonheur
Mardi 10 mars 2009

Pendant les vacances, j'ai lu Une Vie de Guy de Maupassant. C'est l'histoire triste et réaliste d'une jeune femme normande qui épouse un homme un peu au hasard, emportée par son imagination de jeune fille, et qui par ce seul acte aura gâché toute sa vie : elle ne connaîtra jamais le véritable amour et devra endurer toutes les misères de l'existence humaine. Malgré tout elle connaîtra aussi des satisfactions, même minimes, au cœur de son malheur. Le roman se termine par cette phrase : « La vie, voyez-vous, ça n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on croit. »

Cela fait penser à la remarque de Primo Levi dans Si c'est un homme : au camp de concentration, face aux plus grandes misères que l'on puisse imaginer, Primo Levi se rend compte qu'il n'y a pas plus de malheur absolu que de bonheur parfait : l’incertitude concernant l’avenir, l’assurance de la mort (qui fixe un terme à la joie comme à la souffrance) et les petits soucis matériels empêchent l’un comme l’autre.

Ceci nous permet encore de comprendre ce vers énigmatique :

Un souvenir heureux est peut-être sur terre plus vrai que le bonheur
Alfred de Musset

En effet le souvenir est précisément privé de cette incertitude liée à l'avenir : il est à l'abri dans le passé. Au moment où nous vivons des instants exquis (un flirt pendant les vacances, par exemple), nous sommes complètement absorbés et nous ne savons pas comment tout cela finira. Avec le temps, si aucun malheur ne vient interrompre ces moments, et si aucun bonheur plus grand ne vient leur faire de l'ombre, peu à peu nous les voyons émerger comme les plus beaux jours de notre vie.

Finalement les souvenirs font penser au vin : ils sont dans nos têtes comme dans des fûts où ils se bonifient en vieillissant. Ah, quels nectars pourrons-nous boire quand nous serons bien vieux ! Décidément je suis impatient d'être vieux (l'autre raison, c'est pour pouvoir relire les livres).

Mots-clés :  bonheur   incertitude   littérature   temps   vieillesse   
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