En automne il convient de sortir avec au front une pensée bien sombre et bien profonde. Voici donc une proposition pour demain matin, qui sera sans doute un lundi gris et glacé. Je l'écris en gros caractères pour que ça fasse plus vrai :
L'homme ne sera jamais libre
car il ne perçoit que les différences
et celles-ci, quelle que soit leur importance,
emplissent son esprit et l'occupent tout entier.
Si vous décidez de revêtir cette sombre et profonde pensée, dites à ceux qui vous le demandent qu'elle est d'un penseur chinois qu'ils ne connaissent pas ; ou alors, d'un penseur pessimiste allemand anti-leibnizien du XVIIe siècle ; ou alors, que c'est une pensée structuraliste.
Vous allez pas me croire.
Y a des jours où on aime tellement la vie qu'on se dit que même mourir sera un plaisir car c'est encore vivre... où on aime souffrir car c'est encore une sensation...
Je vous avais prévenus !
(Il y a de l'indicible. On ne peut que le montrer. Il y a une grande différence entre lire une phrase et la vivre.)