Le brin d'herbe

Blog philosophique et politique

Les limites du relativisme
Dimanche 13 février 2011

On dit que « les goûts et les couleurs ça se discute pas ». Mais vous en connaissez beaucoup qui aiment les sardines à l'huile et au citron recouvertes de nutella ?

sardine

Mots-clés :  relativisme   anthropologie   esthétique   
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La morale et la guerre
Lundi 26 juillet 2010

Au fond le Bien et le Mal sont des concepts de guerre. pirate

Nous n'en avons pas besoin.

L'action ne requiert que les concepts de Bon et de Mauvais.

Les concepts de Bien et de Mal sont utilisés par celui qui ne se contente pas d'agir, mais qui veut imposer son action aux autres.

Ce qui est merveilleux chez les écrivains, et plus généralement chez les artistes, c'est qu'ils vous foutent la paix. Contrairement aux philosophes ils ne jugent pas. Ils sont descriptifs et relativistes. Ils préfèrent la création à la critique. Faire plutôt que juger. Etendre le possible plutôt que le restreindre.

Certains penseurs ont été séduits par cette amoralité de l'art :

Friedrich Nietzsche
Juge rêvant de devenir peintre

On pourrait objecter à tout ce raisonnement que le Bien et le Mal ne sont pas seulement des concepts de guerre, mais aussi des concepts politiques et par conséquent nécessaires. Mais la politique peut se passer de moralité. Le principe démocratique se distingue du principe moral, et si on le pousse jusqu'au bout, on peut arriver à l'idée que la morale doit rester une affaire privée, comme la religion. De sorte que l'objectif de la loi ne serait pas de déterminer le Bien, de nous pousser aux bons comportements, vertueux, mais simplement à assurer, techniquement pour ainsi dire (mais peut-être avec des moyens qui ne sont pas seulement mécaniques, mais aussi symboliques, psychologiques et affectifs), la vie en commun. Autrement dit, la seule morale dont la loi a besoin est celle de l'article 4 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 : « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui ».

Plus profondément, la grande difficulté qu'il y a à se passer de la morale, et donc à comprendre Nietzsche (dont l'idée centrale est de dépasser la morale), tient à la subtilité de la distinction entre le méchant et le mauvais, entre la morale et l'esthétique. Car l'esthétique, ça, il n'est pas question d'y renoncer !

Mots-clés :  morale   politique   esthétique   relativisme   tolérance   art   
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L'Un et le Multiple
Dimanche 4 juillet 2010

S'il y a une interrogation grecque à laquelle je ne pigeais rien, c'est bien celle sur l'Un et le Multiple. ::(

Aujourd'hui j'ai le bonheur de commencer à démêler quelques fils de cet écheveau-là. :)

Car les deux idées sont vraies : le monde est à la fois un et multiple. En un sens il n'y a qu'une seule chose (un seul monde), un un sens il y a plusieurs choses (plusieurs parties). Cette remarque à première vue banale est lourde de ramifications profondes et de conséquences étonnantes.

Pour résumer, en oubliant certainement beaucoup de choses, on peut voir dans l'Un le sentiment religieux, protecteur (tu ne meurs pas, tu fais partie du Tout), et dans le Multiple la différence et la relativité fondamentale de toutes choses, toujours épatante pour ce moi qui prend son cas pour une généralité.

Bref, l'Un console l'esclave ou le faible en lui montrant qu'il fait partie du grand Tout ; le Multiple calme les excès du maître ou du fort, il tempère son orgueil ou sa volonté de tout régir en lui rappelant qu'il y a des êtres différents, étrangers à sa loi et à ses valeurs.

Mots-clés :  un   multiple   métaphysique   religion   relativisme   
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Relativité
Vendredi 22 janvier 2010

Les chiens pissent indifféremment sur les ordures et sur les fleurs.

Ô relativité fondamentale de toutes choses.

Déprimante et saine relativité...

Mots-clés :  relativisme   aphorisme   
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Chacun sa vérité
Samedi 31 janvier 2009

S'il y a une idée à la mode sur laquelle je n'ai pas fini de taper :E, c'est bien celle-ci :

« Chacun son point de vue. Chacun son avis. Chacun sa vérité. »

Et aussi, plus subtil mais pire encore :

« De toute façon même les philosophes ne sont d'accord sur rien. »

Alors remettons les pendules à l'heure.

Primo, la vérité ne dépend pas de chacun, elle est unique et s'impose à tous (désolé pour les démocrates.) Le théorème de Pythagore n'est pas vrai pour les Grecs et faux pour les Turcs. Il n'est pas non plus faux pour un fou, c'est juste que le fou ne le comprend pas. Si le ciel est bleu, il l'est pour tout le monde. Sinon c'est qu'il n'est pas bleu, et que la couleur dépend de chaque sujet. De même, toute question admet une réponse et une seule ; sinon c'est qu'elle est mal posée. Que nous ne connaissions pas la réponse à une question ne change rien au fait que cette réponse existe et est unique. Ainsi, la conjecture de Fermat (il n'y a pas de nombres entiers non nuls x, y, z tels que xn + yn = zn pour n supérieur à 2) était vraie avant qu'elle ne soit démontrée (en 1994), et la conjecture des nombres premiers jumeaux (il existe une infinité de nombres premiers p tels que p + 2 soit aussi premier) est déjà vraie ou fausse, bien qu'elle ne soit pas encore démontrée.

Et j'irai même encore plus loin : même si on démontre un jour qu'une proposition est indécidable (c'est-à-dire qu'on ne peut démontrer ni sa vérité, ni sa fausseté), comme le prévoient les théorèmes d'incomplétude de Gödel, elle n'en restera pas moins vraie ou fausse.

Deuxio, venons-en maintenant aux « divergences entre les philosophes ». Il serait peut-être temps de battre en brèche ce vieux lieu commun, trop souvent admis, et qui ne repose sur rien. Certes, il y a différentes philosophies, et surtout différentes valeurs. Mais y a-t-il des désaccords théoriques durables ? Il faut parfois le temps (quelques siècles) que la réflexion progresse. Mais je tiens à souligner deux choses :

Et c'est là le point décisif : les philosophes sont, en tout cas, d'accord sur ce point : la vérité existe, et elle est unique. Même les sceptiques et les relativistes les plus extrêmes admettent ceci, à un jeu de langage près. Pourquoi cela ? Pour au moins deux raisons fondamentales :

« A chacun son avis », dites-vous ? Mais alors c'est, et ne peut être, que votre avis, et disant cela vous renoncez d'avance à m'en convaincre. Ce qui tombe bien ! :)=

Mots-clés :  relativisme   
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