« Tout est vent. »
C'est vrai.
Mais le vent est esprit.
« Je m'en fous. »
Ces trois mots magiques (où tient toute la philosophie, selon Montesquieu) sont une bénédiction. J'ai même parfois envie de dresser la longue, l'interminable liste des choses dont je n'ai rien à foutre, juste pour le plaisir.
Mais toute bonne chose a sa contrepartie, et si ces trois petits mots sont une délivrance, ils sont aussi la source d'un tracas peut-être encore plus grand. A tel point qu'on peut remettre en cause l'idéal stoïcien, consistant à mépriser (ignorer) tout ce qui ne dépend pas de nous. Dans leur équation du bonheur, les Stoïciens n'auraient-ils pas oublié le paramètre « ennui » ?
« L'homme préfère encore vouloir le néant plutôt que ne rien vouloir », disait Nietzsche. C'est ainsi qu'il expliquait le nihilisme, ce paradoxe de la vie qui se nie elle-même (ce que Freud appellera la pulsion de mort) : par la force de la volonté. Plutôt la volonté de mort que la mort de la volonté.
Traduisons : cela veut dire que l'homme essaie d'abord de faire le bien, certes ; mais s'il n'y arrive pas, il préfèrera encore nuire plutôt que de ne rien faire.
Ceci permet de comprendre l'existence des emmerdeurs (à l'encontre du principe grec selon lequel « nul n'est méchant volontairement »).