Le brin d'herbe

Blog philosophique et politique

L'Un et le Multiple
Dimanche 4 juillet 2010

S'il y a une interrogation grecque à laquelle je ne pigeais rien, c'est bien celle sur l'Un et le Multiple. ::(

Aujourd'hui j'ai le bonheur de commencer à démêler quelques fils de cet écheveau-là. :)

Car les deux idées sont vraies : le monde est à la fois un et multiple. En un sens il n'y a qu'une seule chose (un seul monde), un un sens il y a plusieurs choses (plusieurs parties). Cette remarque à première vue banale est lourde de ramifications profondes et de conséquences étonnantes.

Pour résumer, en oubliant certainement beaucoup de choses, on peut voir dans l'Un le sentiment religieux, protecteur (tu ne meurs pas, tu fais partie du Tout), et dans le Multiple la différence et la relativité fondamentale de toutes choses, toujours épatante pour ce moi qui prend son cas pour une généralité.

Bref, l'Un console l'esclave ou le faible en lui montrant qu'il fait partie du grand Tout ; le Multiple calme les excès du maître ou du fort, il tempère son orgueil ou sa volonté de tout régir en lui rappelant qu'il y a des êtres différents, étrangers à sa loi et à ses valeurs.

Mots-clés :  un   multiple   métaphysique   religion   relativisme   
Lien permanent
Ecrire un commentaire
La beauté des métaphores
Samedi 3 juillet 2010

J'aime beaucoup les métaphores. Et c'est pourquoi je m'interroge depuis longtemps sur ce qui fait leur saveur si particulière.

J'avais déjà relevé les éléments suivants :

Magritte, le viol
René Magritte, Le Viol

Mais je crois avoir manqué un aspect essentiel : la métaphore, en faisant apparaître la similitude entre des choses différentes, nous fait aussi comprendre, et même éprouver, l'unité du monde.

Ce sentiment de l'unité des choses est un grand sentiment mystique et philosophique, que nous trouvons par exemple chez Spinoza. Et pour le pasticher on pourrait donc dire que par la métaphore, nous sentons et nous expérimentons que tout est un.

Allez, quelques exemples, car une théorie n'est rien sans ses exemples :

  • « Un visage avec beaucoup de front, c'est comme un paysage avec beaucoup de ciel. » (Victor Hugo)
  • En été, la tâche de lumière faite sur le mur d'une chambre sombre par un rayon de soleil qui passe à travers les volets est « comme un papillon posé ». (Marcel Proust)
  • Dans le silence, les petits craquements « ne rompent pas le silence, mais le rendent au contraire plus silencieux, de même que les étoiles, loin de blanchir le ciel nocturne, rendent la nuit plus profonde et plus noire ». (Jankélévitch, cf. ce post sur le silence)

En fait ces métaphores ne sont pas les meilleures pour montrer ce dont je parle. On le verra peut-être mieux en songeant aux métaphores des poètes et des philosophes qui symbolisent une vaste idée, aux significations et déclinaisons multiples. Par exemple cette phrase de Héraclite : « la nature aime à se cacher ». Parle-t-il des lapins qui détalent ? Des fruits rouges tapis sous les feuilles vertes ? Ou des feuilles de vigne et de figuier, qui cachent un autre genre de fruit, révélateur incontrôlable de la nature humaine ?

Bref, il y a des métaphores ou des pensées qui déchirent le voile de Maya... (Le voile de Maya est l'illusion qui nous fait croire à l'individuation et à la séparation des êtres.)

Mots-clés :  esthétique   métaphore   un   
Lien permanent
Ecrire un commentaire

Retour en haut de page

Contact       Fil RSS

Le Brin d'Herbe - Blog philosophique et politique