Le brin d'herbe

Blog philosophique et politique

Dernières possibilités avant le suicide
Jeudi 26 novembre 2009

L'autre jour, alors que les dieux me torturaient en m'envoyant toutes sortes de maux à la fois – maladies, tracas professionnels, problèmes d'appartement, etc. –, j'ai soudain pensé au suicide.

Et j'ai vu aussi toutes les possibilités intermédiaires, un peu comme on contemple un paysage depuis le sommet d'une montagne : le renoncement aux objectifs, la démission, le voyage dans le Sud, les vacances prolongées, l'épuisement de mes économies, l'orgie de litchies. Je pense même que si je devais vraiment me suicider, je prendrais quelques jours avant ça pour faire vraiment n'importe quoi, juste pour le plaisir de l'absurdité.

La conclusion paradoxale, c'est que voir ce paysage de possibilités se dérouler sous mes yeux, toutes ces étapes intermédiaires qui me séparaient encore, malgré tout, de l'abîme, fut drôlement réjouissant. Je prenais en réalité conscience de toutes ces contraintes que l'on s'impose à soi-même avec tant d'assiduité qu'on finit par les oublier. (Ici comme ailleurs la possibilité et la contrainte se révèlent simultanément...)

C'est peut-être de ce sentiment que veut parler Heidegger l'obscur quand il évoque la « joie vigoureuse » qui naît quand on est « authentique », c'est-à-dire quand on regarde enfin la mort, cette « possibilité la plus extrême », à l'aune de laquelle seule on peut jauger toutes les autres à leur juste valeur, dans les yeux.

Mots-clés :  mort   suicide   authenticité   existentialisme   possibilité   joie   
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