Ce matin, il neigeait.
Par la fenêtre, tout était froid et blanc. Il y avait les toits, les cheminées, les bouts de murs. De tout petits flocons tourbillonnaient dans l'air. C'était un temps à ne rien faire. Alors je n'ai rien fait, et je suis resté là à regarder par la fenêtre. Et j'écoutais Erik Satie. Je me suis rendu compte que sa musique allait parfaitement avec ce temps : chaque note tombe doucement, comme un flocon de neige.
A quelques mètres, sur une branche, il y avait une sorte de corbeau, je veux dire un oiseau à peu près noir. Comme moi, il attendait et il regardait la neige tomber. Que faire d'autre par ce temps ? On attend et on regarde. Les animaux attendent. Les végétaux aussi : cet arbre décharné sur lequel l'oiseau est posé, qui tend ses bras nus vers le ciel, qui ressemble à un saule mais n'en est pas un, lui aussi semble attendre que ça passe : tout sec, dans le froid, il a cessé de vivre, momentanément. Il hiberne.
Bref, tous les êtres vivants (l'arbre, l'oiseau et moi) étaient là, à attendre que ça passe, que le monde minéral ait fini de s'agiter.