D'abord, en hommage aux vacances qui viennent de se terminer, aux eaux noires des fleuves et aux profonds silences, je voudrais dire quelques mots sur la nuit. Car la nuit n'est pas n'importe quel envers. Elle est l'obscurité, mais constellée d'étoiles. Enfant quand je lisais un poème sur la nuit (par exemple avec Pierrot et tout ça), je croyais naïvement que le poète ne parlait que de la nuit, alors que ce n'est qu'un symbole pour bien d'autres choses, comme toujours. Il faudrait leur dire, aux enfants, au moins une fois, que les mots veulent toujours dire autre chose. D'ailleurs on ne parle jamais de l'essentiel. On tourne toujours autour du pot. Mais je m'égare...
Il y a aussi ce titre d'un livre récemment paru : « ce que le jour doit à la nuit ». La nuit, ce n'est pas seulement cette obscurité fraîche et humide. C'est surtout l'obscurité intérieure, l'oubli, l'inconscient, l'abysse intime. Et surtout la perte de soi, la dissolution, la décomposition, la défragmentation. Le silence.
J'ai parfois l'impression que mon corps est une épuisette que je traîne au fond des nuits, raclant la boue glacée du monde, dans l'espoir de recueillir une ou deux pépites.