Le brin d'herbe

Blog philosophique et politique

C'est celui qui le dit qui l'est
Mercredi 15 décembre 2010

A la difficile question de savoir quelle attitude adopter face aux cons, je tiens à apporter aujourd'hui ma modeste contribution.

Comme déjà mentionné dans un autre post, le pire face au méchant serait de réagir par la méchanceté.

Du coup, le plus simple est encore de le planter là en lui laissant sa méchanceté dans sa bouche, qu'il y goûte, qu'il s'étouffe à son propre venin.

Car ainsi il percevra peut-être le caractère nuisible de son attitude, et ce slogan pour enfant, « c'est celui qui le dit qui l'est ! », qui peut sembler stupide à première vue, contient en fait une pensée profonde. Oui, nos insultes, en un sens particulier, s'appliquent à nous-mêmes. C'est d'ailleurs aussi ce que dit Svami Prajnanpad avec la douce austérité des maîtres indiens :

Celui qui ne se voit pas lui-même n’arrête pas de parler des autres. Il passe son temps à repérer et à mépriser en autrui des fautes et des faiblesses qui sont en fait camouflées et refoulées en lui-même.
Svami Prajnanpad

C'est encore, dans un autre style, ce que dit Cyrano de Bergerac lui-même, avec humour et avec classe :

LE VICOMTE
Maraud, faquin, butor de pied plat ridicule.

CYRANO, ôtant son chapeau et saluant comme si le vicomte venait de se présenter
Ah ? ... Et moi, Cyrano-Savinien-Hercule
De Bergerac.
Edmond Rostant, Cyrano de Bergerac, Acte I, scène 4

cyrano

Mots-clés :  éthique   cons   autrui   
Lien permanent
Afficher les commentaires (1 commentaire)
Ecrire un commentaire
Grammaire et logique
Samedi 11 septembre 2010

Il y a trois catégories principales de mots :

des noms, des adjectifs, des verbes.

Si on se focalise sur les noms et les adjectifs, on aboutit à une logique centrée sur la dualité entre des choses et des qualités (sujets et attributs, substances et propriétés). Le verbe se trouve limité au verbe être et au rôle de copule (relier la chose à sa caractéristique, comme dans la phrase « Le ciel est bleu. ») C'est une belle logique, celle que l'Occident a développé, mais qui conduit à de redoutables apories quand on la confronte au temps. En fait, c'est une logique qui ne tient pas compte du tout du temps, qui se place automatiquement du point de vue de l'éternité, et qui ne peut saisir le temps que de l'extérieur, à titre de coordonnée supplémentaire, comme elle saisit l'espace.

Si on se focalise sur les verbes, on aboutit à une logique du processus. Je suppose (mais je n'y connais rien) que les Chinois se sont peut-être davantage focalisés sur les verbes.

Martin Heidegger
Martin Heidegger

En Occident, un philosophe a bien essayé de s'interroger sur le verbe : Martin Heidegger. Mais curieusement, peut-être à cause de la tradition dont il hérite il s'est surtout intéressé au verbe être. Et du coup sa prise en compte du verbe est plutôt une prise en compte de la subjectivité. Sa manière de « résoudre » le problème du temps dans Etre et temps est ainsi purement subjectiviste : il nous dit en gros dans ce livre que l'être repose sur le temps, au sens où la conscience (qui fait accéder à toute vérité donc à tout « être » puisque toute vérité peut s'énoncer « S est P ») repose sur le temps, car elle repose sur l'action (avoir conscience d'un objet, c'est savoir le manipuler, s'attendre à certaines réactions de sa part, etc.). Voilà une manière pour le moins indirecte d'aborder la question du temps !

Mots-clés :  temps   logique   langage   être   conscience   subjectivité   Heidegger   
Lien permanent
Ecrire un commentaire
La nature fait ce qu'elle veut
Samedi 22 mai 2010

Voici une expérience philosophique qui n'est pas de moi, mais qu'on m'a racontée, et qui a une portée universelle, comme toute chose.

On peut, en se promenant dans les champs ou la forêt, être soudain pris par cette belle et étrange idée : La nature fait ce qu'elle veut.

Car oui, la nature fait ce qu'elle veut. Ou du moins chaque créature vit, croît et s'exprime spontanément, sans mauvaise conscience, et d'ailleurs probablement sans conscience du tout. Chaque brin d'herbe grandit où bon lui semble, où il peut.

Fougères dans la forêt de Fontainebleau

Cette liberté de la nature est fascinante pour nous, les hommes, toujours épiés par notre conscience tapie quelque part au fond de notre crâne telle un lion... On peut alors se mettre à envier la nature comme l'angoissé envie les choses (elles ne meurent pas, elles !).

Cette réflexion sur la croissance de la nature me fait penser à une scène : dans le film Microcosmos une plante grimpante a été filmée au ralenti, on la voit enlacer une brindille puis, arrivée à l'extrémité d'icelle, décrire des cercles à la recherche d'un appui... Grâce à l'accélération du temps le mouvement et donc la vie de la plante apparaît, c'est assez merveilleux. (Ce passage se trouve à 8 min 26 et vous pouvez le visionner ici.)

Mots-clés :  nature   conscience   liberté   
Lien permanent
Ecrire un commentaire

Retour en haut de page

Contact       Fil RSS

Le Brin d'Herbe - Blog philosophique et politique