Le brin d'herbe

Blog philosophique et politique

De la nécessité de séparer les problèmes
Mercredi 30 juin 2010

Je reviens sur un point source de très nombreux débats.

Quand on avance des solutions écologiques comme la taxe carbone, on entend souvent cet argument : « c'est injuste, car si on fait payer la pollution aux pollueurs, les riches pourront continuer à polluer, mais pas les pauvres ». Il y a des variantes multiples, mais l'idée est toujours la même.

Mais il faut séparer les problèmes si on veut les traiter adéquatement et justement.

Les deux aspects doivent être traités séparément. Il est vrai que la prise en compte de la pollution nous appauvrira inéluctablement collectivement (encore qu'en termes réels, s'obliger à polluer moins constitue un enrichissement), mais cela ne doit pas nous amener à la confusion des mécanismes, car une telle confusion est pleine d'effets pervers :

On retrouve se problème quand des mesures s'empilent, par exemple une aide sociale (chômage ou RMI), plus une aide au logement, plus des transports gratuits, etc. Si on aide une première fois les pauvres, pourquoi les aider ensuite encore sur chaque consommation ? Si l'aide initialement donnée est insuffisante, il faudrait plutôt l'augmenter directement, cela pousserait à davantage de rationalité et d'économie (car une aide en nature pousse à la consommation).

Notez que je pourrais prendre un exemple, plus original, de l'autre côté, avec les multiples niches fiscales concernant les riches, qui s'ajoutent également les unes aux autres. Si on fait payer les riches, avec limpôt sur le revenu, pourquoi annuler ensuite cette nécessaire redistribution par de multiples cadeaux fiscaux ? Sans parler des multiples avantages dont bénéficient les riches, notamment à travers leur entreprise. Mais en France on adore les privilèges, que ce soit pour les riches ou pour les pauvres.

Cet argument de la séparation des problèmes s'applique à d'autres cas que l'écologie. En particulier on peut aussi l'appliquer à l'efficacité en général (et pas seulement écologique).

Ainsi, plutôt que d'entraver le marché du travail par d'absurdes contraintes (comme l'interdiction du licenciement) qui protège un travailleur (peu efficace) contre un sans-emploi (potentiellement plus efficace), il vaudrait mieux procéder ainsi :

Ici encore les effets pervers sont innombrables quand on se laisse aller à la confusion, à l'inadéquation et au gaspillage. Je me contenterai de citer Zoé Shepard, que je félicite ici pour son courage, tout en soulignant comme d'autres que le problème qu'elle soulève se retrouve ailleurs...

Bref : au lieu de protéger les travailleurs contre les sans-emploi, on ferait mieux de protéger les sans-emploi.

Conclusion : je remarque donc une grande proximité entre le problème écologique et le problème plus général, mais lié, de l'efficacité économique. Il faut traiter ces problèmes séparément du problème social, et traiter le problème social en une seule fois pour davantage de simplicité, de transparence et de justice.

(Les autres problèmes aussi doivent être, dans la mesure du possible, traités en une seule fois : c'est l'intérêt de la taxe carbone, avec une seule mesure qui se répercute automatiquement partout.)

Mots-clés :  politique   économie   écologie   justice   vérité   adéquation   transparence   
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