Il y a en gros deux théories économiques de la valeur :
Ces deux théories concernent la valeur d'échange et non la valeur d'usage du bien en question. De sorte que l'oxygène que nous respirons, bien qu'il ait une valeur (d'usage) extrêmement élevée, a une valeur d'échange à peu près nulle.
Plus profondément, selon la logique économique la nature n'a aucune valeur, car elle donne gratuitement.
Cette bizarrerie se répercute dans la mesure du PIB : le PIB ne mesure pas la véritable valeur des choses. Par exemple, une épidémie ou une augmentation des accidents de la route sont des facteurs de croissance, car ils impliquent davantage d'activité économique.
Il pourrait sembler que les problèmes écologiques nous obligeront à prendre en compte la valeur réelle des choses, et même à savoir la mesurer précisément pour en faire supporter les coûts de manière juste à ceux qui détruisent les richesses naturelles. Mais en vérité il suffit peut-être de s'en tenir à la conception classique : ce qui détermine le prix d'une pollution (ou de tout autre externalité « négative »), c'est tout simplement le coût de la dépollution ou du nettoyage correspondant. Autrement dit, la valeur « réelle » des choses ne peut être mesurée que négativement en quelque sorte.
Et c'est bien normal : car la valeur de la nature est infinie. On retrouve ici une idée bien connue : la notion même de valeur n'est définie que dans un système. La nature, étant la condition de toute valeur, n'a pas de valeur. (C'est-à-dire qu'elle a une valeur infinie, si on préfère.) On pourrait d'ailleurs appliquer le même genre de raisonnement aux banques centrales et aux Etats, qui en tant que prêteurs en dernier ressort constituent les conditions du système et ne sont donc pas évaluables dans ce système...
Décidément tout se tient, et les mêmes lois s'appliquent aux banques et aux poissons !