Aimez dévotement les maîtres qui vous précédèrent.
Inclinez-vous devant Phidias et devant Michel-Ange. Admirez la divine sérénité de l’un, la farouche angoisse de l’autre. L’admiration est un vin généreux pour les nobles esprits.
Gardez-vous cependant d’imiter vos aînés. Respectueux de la tradition, sachez discerner ce qu’elle renferme d’éternellement fécond : l’amour de la Nature et la sincérité. Ce sont les deux fortes passions des génies. Tous ont adoré la Nature et jamais ils n’ont menti.
Lire la suite...Ces conseils sont particulièrement intéressants à notre époque individualiste et libertaire. Mais précisément l'admiration et même la soumission à ce qui nous est supérieur ne s'oppose pas à la liberté, comme l'a bien dit cet aristocrate allemand :
La liberté ne consiste pas à ne vouloir rien reconnaître au-dessus de nous, mais bien à respecter ce qui est au-dessus de nous. Car le respect nous élève à la hauteur de l'objet de notre respect. Par notre hommage nous montrons que la dignité réside aussi en nous et que nous sommes dignes de marcher au même rang. Dans mes voyages, j'ai souvent rencontré des négociants du nord de l'Allemagne qui croyaient se faire mes égaux en se plaçant à table près de moi avec des façons grossières. Ils ne devenaient pas ainsi mes égaux, mais ils le seraient devenus, s'ils avaient su m'apprécier et bien agir avec moi.