Le brin d'herbe

Blog philosophique et politique

La mort, condition de la joie
Vendredi 20 août 2010

La fête des morts mexicaine permet d'éprouver, de ressentir dans sa chair, la vérité philosophique suivante :

La mort rend joyeux.

C'est ainsi qu'en sortant de l'exposition sur les vanités (tableaux illustrant, par des images morbides, la misère de la condition humaine) qui se tenait au musée Maillol à Paris, de nombreux visiteurs étaient étonnamment gais.

Fête des morts au Mexique
Fête des morts au Mexique

Mais il n'y a là rien d'étonnant. L'idée de la mort attriste, certes, mais elle donne aussi le sentiment de la brièveté de la vie. D'où la soudaine envie de faire n'importe quoi, et vite. C'est ainsi que la joie se distingue du bonheur : la joie est une envie de vivre où entre un peu de folie, d'hystérie, d'angoisse, de frénésie.

Et aussi beaucoup d'allégresse, car la mort suscite le sentiment de l'absurde, qui nous soulage en allégeant nos misères quotidiennes : il nous rappelle qu'elles n'ont pas de sens.

On retrouve cette idée d'une joie qui naît de l'angoisse un peu partout, par exemple chez Heidegger, ou dans cette chanson de Brel :

J'veux qu'on rie,
j'veux qu'on danse,
j'veux qu'on s'amuse comme des fous

J'veux qu'on rie,
j'veux qu'on danse,
quand c'est qu'on m'mettra dans l'trou

On comprend, maintenant, pourquoi les squelettes ont le sourire...

crane de squelette

Et surtout on comprend pourquoi il n'y a plus de joie de nos jours. (Raoul Vaneigem, je crois, remarque qu'il n'existe plus de musique joyeuse depuis le Moyen Age.) C'est parce qu'aujourd'hui, on ne meurt plus. La mort est obnubilée, exclue de notre champ de vision.

Mots-clés :  joie   mort   dialectique   absurde   sens   
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