Mano Solo est mort il y a quelques jours. En réécoutant ses chansons, j'ai ressenti une impression que m'avait déjà donné Jacques Brel. Il semble qu'au fond de la tristesse brille une joie puissante, comme une pépite au fond d'un ruisseau boueux.
Par exemple, on peut sentir ça dans Jeff de Brel ou dans Je suis venu vous voir de Mano Solo.
Une explication possible serait qu'il y a parfois dans la mélancolie profonde une forme de colère qui peut se transformer en joie. Et aussi, que cette joie a la force et la solidité du fond, de celui qui a touché le fond de la piscine et qui ne peut aller plus bas, et au contraire s'appuie dessus pour remonter...
Cela rappelle un mot énigmatique de Nietzsche :
Aussi et surtout, cette impression musicale nous permet peut-être d'apercevoir cette mystérieuse « joie vigoureuse » (gerustete freude) évoquée par Heidegger et que l'on découvre, selon lui, au fond de l'angoisse, quand au lieu de fuir l'idée de la mort et de l'abîme nous y faisons résolument face...