Le brin d'herbe

Blog philosophique et politique

Le plaisir du néant
Mercredi 28 octobre 2009

Le néant s'éprouve parfois douloureusement : dans l'angoisse, qui est la peur du néant ; ou dans l'ennui, qui est le déplaisir que nous cause le rien imposé, par exemple quand on attend un train ou quand on subit un cours. (A partir de là, les philosophes ont vu dans l'angoisse et l'ennui des sentiments privilégiés, métaphysiques, révélant la transcendance de l'homme, etc.)

Pourtant, le néant peut aussi s'éprouver sur le mode du plaisir. Le rien peut être un délice.

Un seul exemple : le repos. Arrêtons-nous un instant sur cette sensation. Tu rentres du boulot. Tu es crevé, puant, l'inconfort colle à ta peau. Alors tu arrives chez toi, tu jettes ton fatras, tu prends une douche, et tu te vautres dans ton canapé (ou sur ton plumard). Une délicieuse sensation t'envahit. Allongé sur le dos, tu ne fais plus rien, tu ne penses plus à rien, tu jouis simplement de ton corps et du néant.

La conclusion, c'est qu'avec cette image en tête, au lieu d'imaginer le néant comme quelque chose de noir, mauvais, terrible ou douloureux, on l'imagine alors plutôt comme un bonheur, une jouissance pure, sereine et sans soucis.

Nous pouvons même imaginer un homme qui, véritable hédoniste nihiliste, saurait jouir pleinement du néant. Il recherchait sans cesse l'inaction, et s'adonnerait alors au plaisir infini de la rêverie la plus libre qui soit. Cet idéal-type est aux antipodes de l'homme moderne qui s'agite frénétiquement en quête de divertissement (cf. Pascal)...

Van Gogh, le repos
Van Gogh, Le Repos

Mots-clés :  néant   plaisir   
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