Il est un processus que l'on retrouve sous de multiples formes : concentrer le mal sur un objet, puis détruire cet objet.
Ainsi le chamane, au cours d'une véritable mise en scène de prestidigitateur avec son et lumière, extrait un petit objet du corps du malade, un fétiche, une imitation d'araignée, etc., qu'il détruit de façon spectaculaire sous les yeux du patient. Celui-ci guérit alors miraculeusement (quand la thérapie fonctionne), par effet placebo en quelque sorte.
Le processus est le même dans le cas de Jésus, ce sacrifice inversé (non pas un bien terrestre donné au dieu, mais un bien divin donné aux hommes) : Jésus a pris la faute de l'humanité entière sur lui, puis il a été mis à mort.
Enfin, c'est encore le même fonctionnement dans la recherche de boucs émissaires : le nazisme, par exemple, impute aux Juifs la responsabilité de tous les maux des Allemands, puis les extermine...
Lugubre processus... Il signifie d'abord le besoin, fondamental, de donner un objet à la cruauté, à l'instinct de vengeance. Plus subtilement, René Girard y voit le moyen de mettre fin à la rivalité des désirs mimétiques...