Le brin d'herbe

Blog philosophique et politique

Notre idéal régulateur
Lundi 18 mai 2009

Il y a plusieurs modalités d'obéissance : la contrainte par la force ; la religion et la crainte de l'au-delà ; la morale et le lien social ; enfin la raison et l'intérêt bien compris.

Face au déclin du lien social, érodé par l'individualisme, de l'autorité et de la religion, on peut se demander si la force (les technologies de pouvoir de plus en plus sophistiquées) et la raison suffiront à assurer le respect des lois. En particulier on peut penser que la force seule ne suffira jamais à produire cette obéissance. Le rêve d'une politique entièrement technicisée est une chimère. Cette tendance ne mènera qu'à une guérilla de plus en plus permanente.

L'esprit des Lumières, c'est l'optimisme anthropologique, la foi en l'homme : l'idée qu'il est bon et surtout raisonnable, de sorte que la démocratie est possible. Au rebours de cette idée, les contre-révolutionnaires s'appuyaient sur le péché originel pour refuser de laisser pouvoir et liberté au peuple. On retrouve aujourd'hui cette idée avec le pronostic d'un « retour du spirituel » au XXIe (la nécessité d'un tel retour étant sous-entendue, ou explicitement affirmée).

Encore une fois je ne trancherai pas la question, qui semble délicate. (L'aristocrate Platon aurait ricané à ces idées démocratiques et égalitaires.)

Mais on peut au moins dire ceci : croire en l'homme est devenu en quelque sorte le devoir moral de notre époque. Dans un monde athée et démocratique, l'éthique ne commande plus de croire que « l'homme juste est heureux » (Platon), ni que « l'âme est immortelle et Dieu existe » (Kant), ni même seulement que « autrui est une fin en soi » (encore Kant), mais aussi et surtout que « l’homme est bon et raisonnable, et que par conséquent il peut se gouverner lui-même ».

Mots-clés :  démocratie   optimisme   idéal régulateur   
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