Le brin d'herbe

Blog philosophique et politique

Les affects de l'époque
Samedi 21 mars 2009

Je viens de revoir 37°2 le matin, le film basé sur un roman de Philippe Djian, héritier français de la Beat generation. Ce film de 1986 nous rappelle l'enthousiasme des années 60, qui tranche avec la morosité contemporaine. L'acteur Jean-Hughes Anglade, notamment, avec son air cool et ses cheveux mi-longs, incarne cette fantaisie insouciante. Nos parents savaient s'amuser, profiter de la vie, traverser les U.S. en stop, faire n'importe quoi.

[37°2]

Aujourd'hui, par contraste, nous vivons une époque réactionnaire. L'optimisme de mai 68 a disparu. Les jeunes, confrontés au chômage et à la crise, écrasés par les problèmes environnementaux et les vieux, se réfugient dans une sorte d'infantilisme : refus de grandir, de prendre ses responsabilités, de devenir adulte. Le jeune d'aujourd'hui est un curieux mélange de Peter Pan et de Tanguy. Si les jeunes s'amusent encore, c'est nerveusement, hystériquement, à grands renforts d'alcool. Toute véritable joie a disparu, comme le révèle un simple coup d'œil sur la musique contemporaine.

C'est bien triste. Certes, c'est sans doute inévitable : ainsi va le flux et le reflux des passions collectives.

Mais on peut aussi organiser la résistance, s'extraire du flux mortifère des discours dominants, éteindre la télé, partir dans les champs, emmener sa copine faire du patin à glace, aller jouer au volley sur la plage avec des amis. Bref, il faut retrouver l'innocence et la naïveté sans lesquelles aucune joie, aucun bonheur n'est possible. L'ennemi absolu est l'ironie contemporaine, le sourire narquois ou moqueur de l'homme blasé. Il faut chanter comme un débile dans la rue, il faut plonger les mains dans les spaghettis, il faut faire absolument n'importe quoi. Le cinéma et la musique de nos parents peuvent nous aider à retrouver cet état d'esprit dionysiaque.

Il y a une révolution à faire, une spiritualité à inventer, des cœurs à secouer. Il faut accélérer le temps, nager à contre-courant, renverser l'histoire. Si c'est impossible, ce n'est pas grave, le seul fait de le vouloir suffit. Essayer, c'est déjà arriver.

Mots-clés :  émotions   histoire   marxisme   cinéma   
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